mercredi 10 février 2016

10/ Russie

La majestueuse Volga
2 Septembre

Quand j’étais enfant ma mère avait un beau manteau noir en laine de mouton frisé, son manteau d’astrakhan. Elle le mettait dans les occasions spéciales, toujours d’une élégance infinie qu’elle gardera toute sa vie. Son manteau était doux, soyeux, avec des petites vagues de laine. Le souvenir de ce manteau me revient en mémoire avec émotion aujourd’hui encore. Enfant, je n’avais pas idée de ce que pouvais être astrakhan sauf que c’était le manteau de ma mère.

Peut-être est-ce pour cela que j’ai décidé de prendre 2 journées de repos ici dans la ville d’Astrakhan. 



Premier carrefour dans le centre ville je tombe sur un Macdo. Arrêt obligatoire. Je me goinfre littéralement. Au parking la moto est l’attraction.





Puis l’hôtel Azimut dont le nom me va trop bien et qui est situé sur une belle rivière, la Volga. C’est propre, c’est très agréable. 




Un coucher de soleil sur Astrakhan. En traversant la ville j’ai repéré des choses magnifiques. Une bonne journée de visite en perspective pour demain.



Comme le manteau de ma mère, je vais bien aimer cet endroit. Ce sacré Freud quand même ! Il a tout compris !

3 Septembre

Le long de cette majestueuse rivière se trouvait dans un autre temps de belles propriétés parcourues de rues ombragées. Certaines sont restaurées mais l’impression principale est celui d’un quartier à l’abandon. Ce devait être un endroit fort agréable à vivre pour la bourgeoisie d’Astrakhan. Mes errances dans la ville m’amène à un kremlin magnifique sur lequel trône une église monumentale. 





Des arbres, des jardins, c’est très agréable et je passe une matinée formidable sous l’œil vigilant de Vladimir Illich, qui surveille mes faits et gestes depuis Vladivostok. Il m’énerve celui-là.





L’après-midi, direction le garage pour regarder mes pneus qui ont souffert depuis 1 mois. La réparation que j’avais faite moi même au Tadjikistan sur mon pneu avant n’était pas terrible et tous les matins avant le départ, j’étais obligé de le regonfler. Quand au pneu arrière, il était tout fissuré et risquait d’éclater d’un moment à l’autre. Ce point-là étant réglé, ne me reste plus qu’à reprendre la route, l’esprit tranquillisé.  



Bye Bye bel Astrakhan !

On me demande beaucoup quel est mon itinéraire pour les 2 semaines à venir. D’abord Volgograd, puis Rostov en Russie. Ensuite Sébastopol, la Crimée et Odessa  en Ukraine, puis remontée de l’Ukraine et on prend à gauche vers Budapest, l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne, l’Alsace et arrivée à Paris PORTE DAUPHINE (75016 Paris) le 17 Septembre à 19h. Je compte rouler doucement, rester concentré, gérer la fatigue, faire une vidange et changer les plaquettes de freins à Budapest. Et prendre le temps de réfléchir à tout ce qui s’est passé depuis 4 mois. Voilà mon programme.



4 Septembre


La route longe la Volga, elle-même entourée d’un ruban de verdure dans un paysage par ailleurs de steppe aride. Arrivée en début d’après-midi à Volgograd où je récupère la pluie que je n’avais pas revue depuis le lac Issyk Kul au Kirghizstan. Je me réjouis d’avance, d’une promenade dans les jardins le long de la rivière plus tard cet après-midi mais impossible de trouver une chambre d’hôtel et les berges sont des friches industrielles comme le reste de la ville est d’ailleurs une friche urbaine. Je passe. Aucun intérêt. Tout le monde se souviendra malgré tout que Volgograd s’appelait autrefois Stalingrad, ville martyr pendant la guerre. Depuis le temps ils aurait  quand même pu la reconstruire, correctement, c’est immonde. 
Finalement, je me mets en route vers 16 h pour les 470 km qui mène Rostov ce qui est une folie mais un concours de circonstance me trouve une chambre au dessus d’un garage dans la banlieue de Volgograd. 

Il est temps de faire un petit point sur les choses qui n’ont pas bien fonctionné depuis mon départ. Ce ne sont que quelques rares points de détails sans grande importance et c’est pour cela que je n’en n’ai jamais parlé. 

D’abord, l’éternel problème de compatibilité entre mon casque et mes lunettes, qui est augmenté par l’installation audio à l’intérieur du casque. Cela se traduit par des compressions sur les cartilages des oreilles et c’est un supplice au-delà du supportable au bout de quelques heures. Si le même modèle de casque ne m’avait pas sauvé la vie lors de mon accident de l’année dernière, je serai tenté de dire qu’il n’est pas de très bonne qualité, les charnières de la visière se coincent sans arrêt. 

Je n’ai pas besoin de redire tout le bien que je pense de ma moto : elle a été formidable et je ne pense pas que j’aurai pu faire ce que j’ai fait avec aucun autre modèle. Une petite amélioration toutefois est nécessaire sur la fiabilité de la jauge électronique d’essence ainsi que sur le compteur  kilométrique d’autonomie restante. En effet dans les pays de l’ex bloc soviétique, il est impossible d’utiliser sa carte de crédit pour faire le plein d’essence. Il faut obligatoirement dire la quantité exacte d’essence que vous voulez acheter et la payer en avance. Avec une jauge qui n’est pas fiable, il est difficile d’avoir cette information.

Petit problème récurent mais auquel on ne peut rien. Dans les passages difficiles, pierraille, tôle ondulée, etc... ou tout simplement à cause de la fatigue, j’avais de bonnes douleurs du côté de la fracture de ma clavicule de l’année dernière. Il se trouve que c’est précisément à cet endroit mais plus profondément que j’avais été terrassé par une autre douleur abominable il y a quelques années. Alors pendant le voyage quand cette douleur apparaissait c’était laquelle? Celle-là? Ou l’autre? Petites angoisses auxquelles on finit par s’habituer même si l’enjeu peut être, dans un cas, définitif. A la grâce de Dieu !
Évidement depuis mon arrivée à Vladivostok, le problème de la langue que l’on ne peut ni parler ni déchiffrer est assez pénible  surtout quand on voyage seul. L’isolement est encore plus grand et souvent très lourd à supporter. Heureusement depuis longtemps, j’ai toujours eu une certaine habitude de la solitude et en l’occurrence cela m’a énormément aidé. Néanmoins c’est quand même sympa de pouvoir se retrouver entre amis le soir autour d’un verre pour se raconter les mille événements de la journée. 

Voilà ces quelques inconvénients dont vous conviendrez qu’ils sont sans grande importance. 

Maintenant concernant la casse, la perte ou le vol de matériel, rien là encore de très grave. Ma caméra Gopro n’a pas résisté à la traversée du Pamir. Son support a cassé net. Quelque berger fera des films de ses moutons le temps que durera la pile. Quelques vêtements oubliés dans les hôtels. Le vol de mon bidon d’essence de secours. On m’a également volé le pull que j’avais acheté à Prudhoe Bay sur la mer de Beaufort au nord de l’Alaska. J’y tenais comme à la prunelle de mes yeux mais finalement, bof ! Donc que des broutilles.

5 Septembre



Les russes ont un système de distribution d’eau chaude centralisée avec des tuyaux qui partent d’une usines et qui vont dans toutes les directions sur des kilomètres. Peu sont enterrés donc ils font partie intégrante du paysage avec des portiques pour laisser passer les gens ou les véhicules. Tout ça est très peu entretenu et les tuyaux sont souvent bien rouillés et l’isolation est en lambeau. Je ne sais pas si le système fonctionne encore mais je pense que l’hiver pour les gens qui sont en bout de ligne, c’est douches glacées et feu de bois.

Route sans histoire pour Rostov sur le Don, si ce n’est le retour du froid auquel je ne suis plus habitué, en cette dernière journée en Russie. A l’arrivée, je reçois un mail de mon camarade Pawel de Toronto (la Route de la Soie), qui me demande si je suis passé par tel village. Effectivement je m’en souviens très bien pour y avoir fait un plein d’essence. C’est dans ce village, qu’il y a 9 ans alors qu’il roulait avec 2 autres motards, ils ont été pris tous les 3 dans un accident  terrible. Un de ses amis est décédé, un autre a perdu une jambe et Pawel a subi des brûlures très graves sur la partie inférieure du corps. J’étais au courant de cet accident mais je pensais qu’il avait eu lieu beaucoup plus au nord vers Moscou.

En regardant mon itinéraire d’aujourd’hui vous vous apercevrez que ma balise à cesser de fonctionner un certain temps. A partir de l’endroit de cet accident. Chacun tirera ses propres conclusions.

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