mardi 9 février 2016

11/ Ukraine

Camions en attente
6 Septembre

Le passage des douanes russe et ukrainienne se fait rapidement et sans difficultés pour les particuliers mais pour les camions, c’est une autre histoire. Ils attendent sur des files de plusieurs kilomètres. Alors, bien sûr, un motard qui passe, c’est une occasion de se distraire. Alors on se rassemble autour de la moto et chacun y va de son commentaire et me pose des questions auxquelles je ne comprends rien. Il y a bien un signe international compréhensible par tout le monde que l’on me fait sans cesse en frottant le pouce avec l’index: tous sont très intéressés pour connaitre le prix de la moto.




Rudy
Pendant ce voyage, j’ai vu mon lot de voyageurs, en moto, en camping-car, à pied et beaucoup en vélo. Dans le tas, il y en avait quand même un bon paquet qui était complètement allumé pour ne pas dire carrément illuminé. Mais le plus déjanté, c’est mon ami Rudy, un hollandais rencontré à la frontière russe/ukrainienne. Il vient de ses polders mais il a le temps Rudy et il n’aime pas les lignes droites, alors il flâne : de la Bretagne à Saint Jacques de Compostelle en vélo avec une remorque qui ne devrait pas aller bien loin. Il est dans un état physique déplorable et en guenille. Son but c’est l’Inde en passant par l’Afghanistan et le Pakistan. J’essaie de lui expliquer que s’il veut se suicider, il n’a pas besoin d’aller si loin, il n’a qu’à sauter dans la rivière qui fait frontière, là juste à coté.  Il n’a aucun visa pour aucun pays, donc de toute façon, il va déjà être bloqué à la frontière russe. Comme je suis en fin de voyage, je lui passe quelques affaires, un peu de nourriture, mon reste de café en poudre et autres babioles. Il est ravi. Un cas.



Après la mer d’Azov qui m’apporte un vent de travers bien humide, la côte sud de la Crimée assez jolie, très méditerranéenne. Sur les coteaux beaucoup de vignes pour un vin assez réputé qui est proposé  comme partout par les exploitants sur le bord des routes.


Très sauvage camping
C’est la côte d’Azur des pays de l’ancien bloc soviétique où les bons communistes zélés, les pionniers méritants, la nomenklatura privilégiée venaient passer des vacances estivales. Un certain nombre de ces derniers, ceux qui  ont mis leurs doigts crochus dans le gâteau,  a choisi depuis de venir sur la nôtre de Côte d’Azur avec leur sale fric, leurs mauvaises manières et leurs pin-ups. Tout ce qui reste en Crimée surtout vers la cote sud est, sont des installations démodées, les jardins pas entretenus, du béton pourri, une hôtellerie sous-standard. Tout cela donne un air vieillot, kitsch, sinistre. Sur certaines plages les voitures sont carrément au bord de l’eau. Notre Nicolas Hulot s’en étranglerait.




Yalta
Yalta, où je viens d’assister à une conférence internationale, dont j’étais le seul participant. Il a été décidé à l’unanimité de partager le monde en 2 blocs. D’un côté, le canton de Tourouvre érigé en état indépendant appelé le Haut-Perche et de l’autre le reste du monde. La dernière fois qu’ils avaient fait des partages à Yalta, ça n’avait pas marché du tout, alors vous serez d’accord qu’il est temps de passer à autre chose.



8 Septembre

Les tuyaux d'eau chaude partout en Ukraine aussi





La route qui mène de Yalta à Sébastopol est absolument superbe, nous sommes en Provence avec la même végétation mais moitié plus petite: chênes, pins parasol, vignes...





Petite étape donc de 85 km de Yalta à Sébastopol et en partant ce matin je me dis que tant pis, je vais laisser tomber Sébastopol et filer directement sur Odessa. 



Mon hôtel


D’humeur inhabituellement indécise aujourd’hui, je me dis et puis oui, et puis non et puis oui. Heureusement que finalement j’y suis venu car j’aurai raté la plus belle ville de l’ex-bloc soviétique avec Vladivostok et Astrakhan. Balade le long de la mer, dans des jardins magnifiques, des immeubles début 20ème en parfait état (tout ici me fait penser à Saint Rambert), des avenues bordées d’arbres, des gens qui flânent le sourire au lèvres, ils semblent heureux, insouciants. Cela fait du bien après les mines renfrognées russes. Un hôtel grande classe pour une bouchée de pain. Sébastopol c’est du 20/20. 





La flotte russe est bien là au fond du port et quelques immeubles portent ostensiblement le drapeau russe, probablement les bureaux de l’état major de la marine.



Je repensais il y a quelques instants aux problèmes rencontrés avec les policiers kazakhs pendant ce périple. Lors de mon dernier voyage il y a 2 ans, il y avait déjà eu un incident qui m’avait fait dire que les pires voyous, dans ce pays s’étaient les policiers. Il faut dire que ce n’est pas leur président qui se démène non plus pour donner le bon exemple.

Il était en poste déjà du temps des soviets avec les implications que tout le monde connaît concernant les libertés individuelles.  Il ne lui a suffit que de déboulonner quelques statues, de s’´asseoir confortablement sur le marxisme scientifique, et hop, le tour est joué, avec Paic Citron, on lave plus blanc et Monsieur a pu s’accrocher à son poste dont il est dit qu’il est plus qu’ extrêmement rémunérateur.
Mais figurez vous que notre bon président a un hobby : la couture mais uniquement avec du fil blanc. Sa fille qui également aime bien la couture et le fil blanc, avait monté un parti pas réellement d’opposition mais disons de vigilance gentillette. Pas du genre brouille dans la famille. Et puis le temps passant, le papa ne rajeunissant pas, il a fallu penser à l’avenir. La petite, avec son parti, s’est rapproché du parti du papa pour finalement fusionner avec lui. Je vous demande, est-ce que n’est pas un bel ouvrage de couture cette histoire? Pour se reposer de toutes ces émotions, la petite s’est offert une maison de 71 millions de francs suisse, en Suisse justement.

9 Septembre

Ce matin en roulant, je m’arrête pour me pincer. Est-ce que c’est un rêve? Je vais me réveiller. Je roule en moto sur la route de Sébastopol à Odessa. Qui aurait pu dire qu’un jour je fasse une chose pareille ? C’est incroyable. Je n’en reviens toujours pas.

Ce qui est incroyable également, c’est que depuis mon départ il y a eu plus de 5000 connections sur mon site. Jamais je n’aurai pensé qu’autant de monde se soit intéressé à ce voyage ou en tous les cas au récit que j’ai pu en faire. Du fond du cœur je vous en remercie tous. Cela m’a tellement touché. Merci aussi pour tous les témoignages de soutien qui m’ont été si précieux et réconfortants pendant les moments de doute. Ils sont venus pour la plupart de France bien sûr, mais mes amis américains et canadiens ont été toujours fidèles au poste. Mais aussi des messages de Bali, Singapour, Turquie, Japon, Israël etc . . .
Beaucoup de suivi par mail à la suite de rencontres avec d’autres voyageurs. Vraiment j’ai eu une chance folle d’être entouré de cette manière. Merci, merci, à tous. 


Le long de cette route une multitude d’étals propose toute sorte de légumes et de fruits. Souvent pour déjeuner je m’arrête dans une gargote pour prendre une soupe aux petits poivrons farcis rouges et jaunes. C’est délicieux et ça coupe bien la faim. Ils ont aussi des oignons rouges assez plats qui sont littéralement à se jeter dedans.



Odessa, avec un front de mer très décevant mais malgré tout de superbes bâtiments et quelques jolies avenues. Beaucoup plus cosmopolite que Sébastopol qui reste ma favorite avec Astrakhan.


C’est d’ici qu’est partie en 1905 la mutinerie du cuirassé Potemkine, prémices de la révolution de 1917, une affaire manipulée par les socialistes et qui avait été géré d’une manière lamentable par les autorités. Il faut dire à leur décharge, qu’à l’époque, elles n’avaient pas d’Exocet à leur disposition. Sinon l’affaire aurait été vite réglée. Lors d’une tentative de débarquement des mutins dans la ville, il y eu une sévère fusillade sur les escaliers qui montent du port. Ils avaient assassinés leurs officiers et il y a quand même des choses qu’on ne peut pas laisser faire tout de même.



Je trouve un hôtel correct, semble-t-il spécialisé dans les lunes de miel à en juger par le décor suggestif du couvre lit et des coussins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire