mardi 16 février 2016

4/ Sibérie

Le prolétariat



7 juillet




Mon dortoir!
Mon bateau!
Pour faire une immersion totale dans la couleur locale, j’avais demandé à mon ami Mr Lee de me prendre une couchette dans un petit dortoir : cela me paraissait un bon moyen de rencontrer des gens. Ne pouvant imaginer une seconde qu’un européen puisse descendre à ce niveau de standing, mon bon Mr Lee m’a bien mis dans le dortoir demandé mais il a réservé tout le dortoir: me voilà donc seul dans ma cabine. Le ronronnement des moteurs et peut être le cachet de Nautamine me plongent immédiatement dans une profonde torpeur et finalement sur les 30 h que dureront ce voyage je dormirai pendant au moins 20 h. En réalité la Corée m’a énormément fatigué et j’avais besoin de ce sas pour recharger les batteries.



Attente dans la brume de Vladivostok

Nous nous positionnons à 22km de Vladivostok et passons l’après midi à attendre sans bouger que ces messieurs aient fini leur guéguerre. Certains passagers russes n’ont pas la même réserve et ça commence à ruer dans les brancards. Pour passer le temps j’assiste à un exercice qui consiste à descendre un canot de sauvetage à la mer. 


Panique et pagaille

Du grand guignol ! Heureusement que nous ne sommes pas en situation d’urgence car nous aurions tous bu la tasse définitivement: les câbles se coincent. Le capitaine s’énerve, ça gueule dans tous les sens. Un vrai théâtre. Je m’y amuse beaucoup. 


Guitare et tambourins!


Nous ne débarquerons finalement que vers 21h, un groupe de jeunes évangélistes coréens nous fera patienter avec leurs chants bien agréables et apaisants.




Je suis dans un état de stress extrême car il y a tant de question sans réponses, quand et comment puis je récupérer ma moto étant entendu que les formalités de douane durent de 3 à 4 jours ? Où aller et à qui m’adresser ? Il est 9 h du soir, dans quel hôtel vais-je descendre ? Comme nous sommes dans la zone portuaire comment trouver un taxi ? Ai-je bien tous les papiers ? Enfin je me joue un cinéma à tout casser. 
A peine entré dans le bureau de la compagnie de ferry au terminal de Vladivostok qu’une jeune femme me lance « c’est vous l’homme à la moto, je vous attendais» D’un seul coup le stress disparaît, une espèce de bien-être m’envahit, je flotte sur un nuage, tout va s’arranger.   Et puis c’est là que je tombe sur une fine équipe de pieds nickelés japonais, mes nouveaux amis, Egashira Koichi et Tani Nobuo. Le premier a 65 ans et est le patron du 2 ème. Ils ont décidé de se rendre du Japon au Portugal en voiture en un peu plus de 6 semaines !!! Pourquoi le Portugal ? Ils ne savent pas trop eux mêmes. Ils ne se rendent pas compte de ce qui les attend, leur manque de préparation est inquiétant. Nous passerons les 3 prochains jours en séances de débriefing permanentes, cartes étalées sur les tables. Leur itinéraire prévu est comme le reste du voyage, insensé. Ils veulent vendre leur voiture à l’arrivée au Portugal sans avoir pensé que la leur est conduite à gauche volant à droite, donc invendable sur le continent européen. Pour le moment elle est dans le bateau et donc nous avons le même problème à résoudre. 


Photo pas très intéressante

La jeune femme de la compagnie de navigation, genre énergique et efficace, prend nos papiers pour dédouaner les véhicules, s’occupe de nous procurer une assurance et nous ramène dans un hôtel pré du centre. Elle nous reprendra dans 2 jours pour tout finaliser. Quel bonheur que les choses se règlent presque d’elles mêmes ! Quel soulagement !

9 juillet

La marine russe
La fine équipe
Splendeur d'antan

Avec mes 2 compères nous nous entendons trop bien et partons visiter Vladivostok qui est loin d’être la poubelle de la marine soviétique que j’avais vu à la télévision avec des sous marins nucléaires qui pourrissent à quai. C’est propre, des immeubles anciens bien retapés, des espaces verts, la mer de tout coté, une plage au milieu de la ville, des filles ravissantes, plein de jeunes, enfin un endroit génial. 18 sur 20.

La petite lueur rouge est bien là, au fond de l'église

Vladivostok fait parti de ces villes mythiques qui m’ont toujours fait rêver de voyages et d’aventures. Ce sont presque toujours des ports et j’en connais maintenant quelques, Singapour, Valparaiso, Hong-Kong, Fremantle, Punta Arenas, Anchorage, Papeete et bientôt Sébastopol, Odessa.

rue ombragée de Vladivostok
Je trouve un marchand d’arme qui est prêt à me vendre un pistolet 9 mm pour 250 dollars ce qui n’est pas cher et je pars avec un poignard impressionnant et 2 spray de gaz lacrymogène au cas où je serais attaqué par les loups. 

Si le reste de la Russie est du même tonneau cela va me plaire infiniment.


Le prolétariat


Encore!


Bon quand même il y a ça et là quelques restes de l’ère précédente qui ne manque pas d’intérêt sinon de laideur.

10 juillet

Évidemment une constante dans tous les passages de douane est l’attente, dont la longueur est souvent inversement proportionnelle au niveau de développement du pays entré.

Attente


Les bureaux sont tous semblables et impersonnels. Nous y sommes depuis ce matin avec mes amis japonais mais cela ne devrait plus être long nous répète-t-on depuis 11h alors que nous venons de passer 17 h. 



Cela m’aura permis quand même de temps à autre d’admirer le port de Vladivostok et la gare de départ du train transsibérien.


Baie de Vladivostok

Gare de Vladivostok

Vladivostok

Dans chaque pays visité, il y a toujours quelque chose de bizarre et d’unique à cet endroit. En ce qui concerne Vladivostok, il s’agit des voitures. Comme partout en Russie, la conduite est à droite, mais ici le volant des voitures est également à droite. En effet 99% des véhicules de Vladivostok sont des voitures d’occasion importées du Japon où, il n’aura échappé à personne que la conduite est à gauche.  

Rencontre dans la salle d’attente de la douane avec Vieland, un allemand de 71 ans qui voyage dans le monde entier dans un 4x4 Mercedes au gré des circonstances et des envies avec son fils handicapé. Un type d’un courage hors du commun et qui a l’élégance de ne pas en rajouter des tonnes. Respect. 

L’attente de 9 h du matin à 18 h a quand même été un peu longue mais ça y est, j’ai ma moto et je suis soulagé. Au moment de la démarrer, un moment de panique car le starter ne répond pas. C’est la catastrophe. Au bout de quelques minutes, je réalise qu’en la manipulant les dockers ont actionné le coupe circuit. Fausse alerte !


Nous fêtons notre départ, prévu demain matin avec mes japonais dans une soirée extrêmement arrosée qui nous ramène cahin-caha vers notre hôtel dans un état assez dégradé. Je partirai avec eux pour le nord à 5 h du matin et après la sortie de la ville nous nous séparerons définitivement. 



J’ai rendez-vous dans 2 jours à Khabarovsk avec un journaliste qui souhaiterait en savoir un peu plus sur mon voyage.

12 juillet


C'est ça la route? Ah bon!


743 km en 15h 1/2 ! Qui dit mieux ! Il n’est pas encore complètement ramollo le vieux! Découverte des «routes» sibériennes, qui sont un régal pour les amateurs de moto tout terrain.



Rajout du 16 juillet

En passant par le village de Luchegorsk, à peu près 150 km avant d’arriver à Khabarovsk, je tombe sur une centrale nucléaire ou ce qui ressemble à une centrale nucléaire. En regardant les tuyaux extérieurs complètement rouillés, le béton pourri, la route qui passe à peut-être 200 mètres de l’usine sans apparemment de grandes précautions au niveau de la sécurité, l’ensemble donne une impression de vétusté, de délabrement qui donne froid dans le dos. Les chinois qui se trouvent de l’autre côté de la frontière à quelques dizaines de km doivent trembler que la cocotte minute ne leur saute à la figure. Si Tchernobyl était sur le même modèle, on ne s’étonne de rien. Quid des autres centrales nucléaires russes ? C’est affolant. 

Route peu intéressante depuis Vladivostok, végétation de type forêt du Perche, puis les bouleaux peu à peu remplacés par les sapins de la taïga. Pratiquement pas d’agriculture ni d’élevage. 
La traversée des faubourgs de Khabarovsk est interminable et je suis quelques émanations de substances totalement illicites dont je ne sais d’où elles proviennent.


Khabarovsk church

Avec une traductrice peu compétente, l’entretien avec la journaliste est un bel exercice d’amateurisme journalistique sans aucun intérêt ni pour l’intervieweuse ni pour l’interviewé. Je me demande bien qu’est ce qu’elle va pouvoir sortir comme article. En fait si cela ne vous ennuie pas je ne vais pas rester pour attendre que le journal sorte. Désolé.

A Khabarovsk, je suis à pied d’œuvre pour la grande traversée de la Sibérie qui se finira à Novossibirsk. On va s’accrocher.

Pour finir cette journée une pensée de Robert Louis Stevenson que je fais mienne à 100%, qui répondra peut être à certaines interrogations de l’un ou de l’autre et que je ne vous ferais pas l’injure de vous traduire, anglophiles que vous êtes tous.

For my part , I travel not to go anywhere, I travel for travel’s sake. The great affair is to move.

Pour Béatrice, je ferais un exception. Pour ma part, je ne voyage pas pour aller quelque part, je voyage pour le plaisir de voyager. La grande affaire est de bouger.

13 juillet


En quittant mon hôtel je dis au revoir à mes amis les abeilles qui sont en train de squatter la fenêtre de ma chambre avec un essaim naissant. (Hm! Hm!).   Le soir quelqu’un me fait remarquer en se tordant de rire que l’une d’elle est collée à la monture de mes lunettes: évidemment cela amuse beaucoup l’assistance. 


Chita 2060 km

Assez bonne route pour rejoindre Birobidjan à 180 km. Petite matinée de moto sous un soleil radieux pas encore trop chaud, très agréable. La ligne du transsibérien longe la route et il n’y a pas beaucoup de risque de se perdre jusqu’à Chita à 2000 km. Route mythique dont rêve tous les apprentis voyageurs et sur laquelle j’ai planché des heures et des journées entières pour prévoir les arrêts, les étapes, l’essence, les hôtels etc...

Birobidjan, capitale de la région autonome (enfin si on veut !) du Evrejskaja, au fin fond de la frontière chinoise, que le petit père Joseph de sinistre mémoire, avait appelé avec quand même une bonne dose de cynisme, la Terre Promise pour la population juive d’URSS. On en reparlera plus tard. Un journaliste français s’est fait expulser l’année dernière de cet endroit. A la suite de l’effondrement du communisme, beaucoup partiront pour Israël mais quelques milliers restent encore et on parle même d’un retour de quelques centaines d’émigrants sur ce territoire.




Le centre ville est assez agréable avec un marché très bien achalandé de produits tout droit venus de la Chine voisine, des immeubles propres, une foule insouciante, tout ça respire l’harmonie. Toutes les races de la terre sont représentées dans un mélange qui, à première vu, fonctionne bien.

Évidemment dans les faubourgs, ce n’est pas pareil avec des immeubles sociaux lépreux qui datent de l’ère précédente et qui sont dans un état de vétusté épouvantable.

bécassine où es-tu?

La ville se trouve dans une immense région de marécages infestés de moustiques. En la traversant, je me disais que si j’avais emmené mon Casimir, il m’aurait bien arrêté quelques bécassines comme il le fait si bien dans mon petit marais de la baie de Somme.
L'allemande, le frenchy et le russe



Je rencontre une photographe allemande avec un représentant d’une agence de presse russe qui fait un reportage sur les régions riveraines du fleuve Amur. Leonid (enfin quelqu’un qui parle anglais) me fait mille recommandations pour la route qui mène à Chita et Ulan Udé. 




Depuis que j’ai fait faire l’entretien de ma moto à Seattle je trouvais qu’elle avait tendance à chauffer un peu trop. En vérifiant mes niveaux avant le départ ce matin, je m’aperçois qu’elle est au dessous du minimum. J’en ai un bidon de réserve avec moi et par chance je trouve la même qualité dans un garage pour scooter. J’en profite pour faire le plein d’essence de mon jerrycan de réserve. A partir de maintenant il faut prévoir réserve d’eau, d’essence et de nourriture. 

Le gros problème pour un voyageur solitaire en Russie est évidemment le problème de la langue parlée mais aussi de la langue écrite: comment déchiffrer restaurant, hôtel, banque, une carte routière, etc... Alors je m’efforce bien d’apprendre par cœur l’alphabet cyrillique et sa correspondance phonétique téléchargés sur mon IPhone. Mais avec l’âge, la mémoire qui fout le camp, tout cela a bien du mal à rentrer. 

14 Juillet

En quittant Birobidjan ce matin, je m’aperçois que j’ai été bien injuste pour les logements sociaux (en fait tous les logements) de la ville qui ne sont pas en si mauvais état que ça; d’une part et d’autre part qui tiennent bien la comparaison avec les nôtres de logements sociaux. Nous n’avons de leçon à donner à personne dans ce domaine ni dans aucun autre d’ailleurs. Donc mea culpa.
Au beau milieu de la Sibérie je fais une halte pour le déjeuner dans une espèce de cahute au bord de la route. Il y a quelques camionneurs attablés, la télévision est allumée et c’est l’heure des nouvelles. Dans le générique  du journal il y a entre autre une photo de quelqu’un qui porte une pancarte rose sur laquelle est écrit « un père, une mère c’est naturel». Je manque de m’étouffer avec ma soupe aux choux.

A force de le crier si fort on a finit par l’entendre mieux en Sibérie qu’à l’Élysée. Un tel déni de démocratie, cette histoire, c’est scandaleux. Les millions de Pierre Bergé ont été plus forts que les millions de manifestants. Bon ce n’est pas le moment de me remonter une mayonnaise avec cette affaire.

A 250 km après Khabarovsk je quitte la transsibérienne et la belle forêt pour prendre une route secondaire qui traverse une immense plaine, très fertile semble-t-il, maïs, blé, foin avec des parcelles immenses de plusieurs milliers d’hectares. La région est assez peuplée et parsemée de petits villages avec des petites isbas bleues et vertes et quelques immeubles vétustes. Pour la première fois depuis mon arrivée, j’ai l’impression de toucher ici la vraie Russie.


Dans un village sur une colline qui surplombe la vallée de l’Amur, sur le bord de la route, je crois voir quelque chose qui m’intéresse dans 2 petits paniers. Je fais demi-tour pour être sûr : des cèpes ! Incroyables. Des vrais qui sentent bon la feuille pourrie. Je resterai bien 24h pour aller en chercher. Pas le temps non plus de faire une petite omelette avec plein d’ail.


Blagoveshchensk, avec un nom aussi imprononçable vous pouvez toujours vous accrocher pour qu’un russe comprenne où vous voulez aller quand vous demandez votre route. Face à la Chine au bord du fleuve Amur, nom prometteur s’il en ait, mais en réalité mal porté. On a affaire à quelques litiges frontaliers avec les chinois qui ont donné lieu dans les années 60 je crois, à quelques discussions où c’est surtout l’artillerie qui a parlé, avec, paraît-il, quelques beaux assauts d’infanterie pour terminer les palabres. 
Il faut dire qu’au 18 ou 19ème siècle, les russes ont expulsés une partie de la population chinoise de la ville vers le Pays Céleste. Le problème, c’est qu’il n’y avait pas assez de barques pour tout le monde et que beaucoup ne sont pas arrivés vivant de l’autre côté de la rivière. Cela n’a pas dû être de nature à alléger le contentieux. 
Pendant le révolution culturelle les gardes rouges avaient installé des speakers géants de leur coté de la rivière pour insulter en permanence les «révisionnistes» russes. A force ça a du agacer. 
On croit comprendre sur les quelques photos que j’ai prises cet après-midi de la rive chinoise opposée, que les russes sont en train de faire un polder de leur côté de la rivière. Moi je dis que cela ne va pas plaire à tout le monde et que cela va encore faire des histoires.

De l'autre côté, la Chine
  

Comme à Vladivostok, il reste quelques beaux immeubles anciens. Sinon on est encore dans le plus pur style soviétique avec des larges avenues bordées de bâtiments vraiment pas attrayants. Il y a de l’avenir dans ce pays pour des architectes de talent (j’en connais une très douée) et des urbanistes innovateurs.

Lénine à Birobidjan
Lénine à Blagoveshchensk

Dans les quelques villes traversées, les place Lénine foisonnent, les avenues Karl Marx pullulent. Notre ami Vladimir Ilitch a encore des statues bien en place sur les grandes avenues. A croire que les gens n’ont ouvert ni journaux ni télévision depuis 10 ans. Peut être l’éloignement, on ne comprend pas bien.


Je ne voudrais pas donner une impression trop pessimiste de ce que je vois pendant ce voyage en Russie, lequel voyage au demeurant se passe formidablement bien. Les gens sont un peu plus distant mais la gentillesse est bien là. 

  
Pendant les haltes on met les enfants sur la moto pour la photo. On fait risette, on essaie de communiquer comme on peut. Les chauffeurs de poids lourds dont on m’avait prévenu qu’ils n’étaient qu’une bande de fou furieux alcooliques, se montrent très respectueux du code de la route et des autres. Ils sont le plus souvent très admiratifs à mon égard vu les coups de klaxon, les appels de phare, les pouces levés, les tapes dans le dos dans les stations d’essence. 


Pour le moment je peux dire que ma découverte de la Russie est passionnante et que ce voyage me comble.

Bon c’est vrai qu’au niveau de l’hôtellerie, leur affaire n’est pas encore au point à 100%. Souvent on tombe sur des établissements qui, au niveau du décor comme des gens, datent de la période stalinienne. Le meilleur exemple du pire est l’hotel Vostok à Birobidzhan : accueil avec des visages fermés, pas un sourire, limite grossier. Le type de la sécurité (de la police ?) vautré dans un fauteuil, inepte.
Pour la déco, c’est le catalogue kitch dans toute sa splendeur. Bref une prestation plus que moyenne pour un prix certes modeste mais quand même très surévalué. Il leur faut des décorateurs de talents et une bonne école hôtelière.

16 juillet

Mogocha centre ville

En foncé, mon hôtel
Reste 1000 km pour Chita que je ne me sens pas d’attaque pour me taper en une seule journée. Un arrêt en fonction de la disponibilité d’un hébergement s’impose et sera à Mogocha à 400 km sous des trombes d’eau pendant la totalité du trajet et qui offre un dortoir à la gare ou un dortoir privé où j’atterris finalement. Cette ville se trouve à 11 km de la route principale et je découvre une petite ville sibérienne dans toute sa laideur et son ennui.

La chambrée

Si un jour vous vous dites que vous allez trop bien, que tout roule pour vous, que votre vie est formidable et que vous auriez bien besoin d’une petite dépression pour rééquilibrer tout ça, alors là j’ai trouvé ce qu’il vous faut : MOGOSHA. Sinistre ville au bord d’une importante gare de triage du transsibérien. Des gens qui vous fuient dès que vous demandez votre chemin. APOCALYPTIQUE ! 


Charbon et pétrole
Moi qui voulais faire couleur locale avec mes histoires de dortoir, là je suis vraiment gâté. Je partage ma chambrée avec un type du genre costaud qui doit bien faire ses 250 livres.
Le petit restaurant de l’autre coté de la rue est sinistre comme le reste mais en plus baigne dans une odeur nauséabonde. Je ne finis pas mon plat. Je compte les minutes jusqu’à mon départ demain matin.
La seule chose qui donne un peu de gaîté à l’ensemble ce sont les enfants qui s’amusent et s’en fichent de cet environnement sordide. Ils jouent. Je leur souhaite de tout mon cœur de quitter cet endroit à la première occasion.



Me voilà donc à broyer du nord comme un idiot quand le costaud revient sur le coup des 19 h avec un blondinet qui s’installe sur un lit du dortoir. Gentiment les 2 m’invitent à dîner ce qu’évidemment j’accepte sans hésiter et rapidement les choses prennent une tournure très russe. Quand je dis rapidement c’est quand la première bouteille de vodka est terminée ce qui ne traîne pas. A ce niveau j’ai du plomb dans l’aile mais vaillamment je défends les couleurs de la France. Le costaud a une descente vertigineuse, on a l’impression qu’il boit son coca dans le Sahara. Ils me lâchent qu’ils sont de la police de la sécurité (probablement genre RG) et on me montre les cartes que de toutes les façons je suis incapable de déchiffrer. La seconde bouteille terminée, là je perds complètement le contrôle de la situation et nous voilà partis au poste de police où on me fait visiter les cellules avec les types dedans. Une vraie histoire de fou !

De retour au dortoir, là je sombre immédiatement. Pas trop fier le lendemain matin. Je pense que la dernière fois que j’ai bu de cette manière cela devait être pendant mon service militaire à Djibouti en 74.

17 juillet

Il faut que je vous présente mon tableau de bord de moto que je ne quitte pas des yeux (sauf pour regarder la route évidemment) pendant mes heures de route.



1/ A gauche sous le rétroviseur, fixé sur la protection de la poignée, 3 boutons dont 1 rouge. C’est la télécommande de ma caméra de casque. 
2/ Sous le porte IPhone une prise allume cigarette, indispensable pour charger les portables, balises, sono du casque et autres tout en roulant.
3/ Au centre la balise qui vous envoie ma position toutes les 10 minutes.
4/ Juste au dessus l’excellent GPS 660 Zumo de chez Garmin.
5/ Dessous le petit ordinateur de bord fourni avec la moto avec ses 3 compteurs kilométrique indispensables, 1 général, 1 pour l’autonomie en carburant et 1 pour la distance journalière. Très utile également le compteur d’autonomie kilomètrique.
6/ Sur la protection de la barre centrale en rouge , un beau couteau bien en évidence.
7/ A droite une prise de courant à la norme BMW pour les équipements maison et pour brancher ma fameuse veste électrique.
8/ Juste au dessous mon appareil de photo.
9/ Sous mes yeux mon porte carte. 


Magnifique statue

Je ne peux pas résister à vous montrer cette photo prise en pleine campagne et dont je ne peux pas croire que l’artiste n’ait pas une une idée mal placée derrière la tête. Pour ça, il a du pourrir pendant 20 ans au moins dans une mine de sel du goulag.

18 juillet

Mesdames, Messieurs, il l’a fait. Arrivé cet après-midi après 650 km de route sous une pluie battante, à Ulan Ude. 

80 % du challenge que représentait le fait de partir seul faire ce voyage concernait la traversée de la Sibérie du Sud, disons de Chimanovsk à Chita et Ulan Ude. Cette région est infestée de bandits dont un certain nombre de forum internet et de nombreux récits de voyageurs font état dont celui du motard/photographe Eric Lobo. Les exactions et les agressions depuis 3 ans ont particulièrement ciblé les motards avec quelques drames abominables à la clef. 

Dans le village de Zannah avant Mogocha une stèle témoigne du meutre d’un motard russe. Il y en a eu d’autres. Je rencontre un motard japonais dans une gargote le long de la route. Notre ami Satoru est docker/grutier au port d’Osaka mais pour le moment il a une petite panique et il est mort de trouille. Il me demande de l’accompagner vers Magadan à 3000 km au nord est de la Sibérie. Ce n’est pas ma route et je lui donne un spray de gaz lacrymogène que j’avais en double. Il faut dire qu’ un de ses compatriotes a été assassiné dans le secteur et ça lui donne à réfléchir le pauvre.
Plus tard dans une station d’essence à la sortie d’Irkukst, un chauffeur de camion me demande d’où je viens. Quand je lui dis Vladivostok, il me regarde droit dans les yeux avec un petit sourire crispé et se passe le pouce autour de la gorge dans un geste explicite mais peu porteur d’une notion de longévité. D’un seul coup ce n’est pas crispé que je deviens mais complètement tétanisé.

Il n’était pas utile d’inquiéter mon entourage avant mon départ mais je savais très bien à quoi m’en tenir et comment réduire les risques au maximum. Pendant des mois avant de partir, j’y pensai avec une grande appréhension. Avant mon départ de Seattle, mes amis sentant que j’étais très préoccupé n’ont pas arrêté de me rassurer: j’étais terriblement inquiet. Pour éviter tout risque, je m’étais imposé des règles très précises dont je n’ai jamais déviées et finalement je n’ai pas rencontré l’ombre d’un problème.  
Voilà je suis soulagé d’être passé et que cette étape soit derrière moi. Je ne vous dis pas que certains matins au moment de prendre la route, disons que je manquais un peu de spontanéité. 

Mais je suis trop fier de l’avoir fait et de l’avoir fait seul. C’est incroyable. Je n’en reviens pas. Youpiiiiie ! Merci ! Merci ! Merci ! 





Les russes n’appliquent malheureusement pas la même rigueur dans beaucoup de domaines que dans la précision apportée dans le calcul des distances sur les panneaux de signalisation routière.




Rencontre dans une station essence (et quelle station !) perdue dans les montagnes à 300 km de Chita de l’incroyable Andrée Jeanne, une retraitée de 65 ans environ, qui se balade toute seule avec sa Scenic Renault sur les routes de Russie. 

Quand je la croise elle arrive de Vladivostok, furieuse car on ne lui a pas laissé prendre le ferry avec sa voiture pour le Kamtchatka. Là, j’ai failli tomber de l’armoire. Un vrai personnage haut en couleur, truculent, une énergie folle et un sacré caractère. Je la regarde en train d’engueuler 2 colosses russes qui essaient de l’arnaquer à la pompe à essence. Ils comprennent vite qu’il vaut mieux laisser tomber et filent tout penauds. En temps normal elle habite dans le village de Fraisse à côté de Bergerac. 

Cela fait un bout de chemin jusqu’en Sibérie. Nous buvons un café que j’avais préparé dans mon thermos avant de partir ce matin là et puis, «je n’ai pas toute ma journée, j’ai de la route à faire» et la voilà qui disparaît me laissant sidéré mon café à la main. Unique je vous dis. La dernière des vraies babacool dans la tradition hippy des belles années !



Incidemment cela faisait depuis 2 mois que je n’avais pas parlé français avec quelqu’un sur la route. En Russie où toute conversation est impossible, la solitude est assez pesante et ces quelques instants avec cette baroudeuse extraordinaire m’a fait un bien fou.

21 juillet

Cette journée de repos pourtant si méritée à Ulan Ude commence assez mal. L’ordinateur de ma moto m’envoie un signal très alarmant. Il semblerait que la pression d’huile dans le moteur est déficiente :



Ça c’est quand même le genre de nouvelle que l’on déteste recevoir même quand on est à de 15 km de chez son garage habituel, alors à 15000km vous pouvez vous imaginer l’état dans lequel cela m’a mis. De nombreux échanges de mail avec mon concessionnaire à Rennes ne me rassurent qu’à moitié.

Ensuite en manipulant la carte SD de mon GPS, je rate l’alvéole qui lui est réservé dans l’appareil et elle se glisse à l’intérieur du boîtier.  Evidemment ce dernier est scellé et donc inaccessible. Ça c’est le truc de trop. Je me sens au bord de l’arythmie cardiaque. Vite mon cachet! 

Pour finir, j’ai téléchargé des cartes supplémentaires correspondant à l’Asie Centrale que, au bout de plusieurs heures, je suis toujours incapable d’importer dans mon GPS. Là ça commence à bien faire, je suis dans un état de stress et de tension terrible. 

Finalement au bout de quelques jours, les interventions des uns et des autres et de mon Marc en particulier me permettront de résoudre ces quelques difficultés qui malgré tout, m’ont épuisé.





Ulan Ude est une ville essentiellement mongole et ressemble beaucoup à Ulan Bator de l’autre côté de la frontière, en Mongolie que je connais un peu. Elle y va de sa tête géante de Lénine. Le pauvre, je suis sûr qu’il n’aurait pas approuvé.  Mon hôtel est proche du bâtiment qui s’occupe des mariages et toute la journée c’est un défilé de jeunes mariés et de leurs superbes voitures hyper décorées. C’est trop amusant. Bizarrement je trouve que les jeunes mariés n’ont pas l’air si détendus que ça de leur mariage. Surement l’appréhension !




Départ pour Irkoukst. Dans mon GPS j’aperçois le lac Baïkal une dizaine de kilomètres avant que je ne le découvre  physiquement. Le seul problème c’est que la voie ferrée suit le lac à 20 mètres et il est difficile de s’approcher du bord. J’avais fait le projet de passer la nuit dans une petite auberge dans un village lacustre avec un bon dîner de poisson. Que nenni! Introuvable. 


Il faudrait aller beaucoup plus loin, comme l’a fait Sylvain Tesson (dont je suis un grand admirateur à la fois de son expérience incroyable de grand voyageur et de son talent littéraire reconnu de tous), de l’autre côté du lac pour avoir un peu de tranquillité. Je suis bien déçu. 


La route de Tulun est bien ennuyeuse. Seules les fleurs champêtres me distraient un peu, il y en a des champs entiers. Des centaines de gens ramassent des fraises des bois dans les prairies qui longent la route. C’est la Sibérie occidentale, beaucoup plus agricole et moins sauvage que ce que j’ai vu depuis Vladivostok. Comme la route est parallèle à la ligne du transsibérien il est bien normal que nous la croisions de temps en temps et ce sont des attentes interminables aux passages à niveau.



23 juillet

Krasnoyarsk
Je roule, je roule toujours vers l’ouest, Irkukst, Tulun, Krasnoyarsk, Kemerovo demain Novosibirsk. En 4 ou 5 jours j’avale 3 fuseaux horaires. Ce sont de longues étapes, je découvre un pays nouveau, au centre de la Russie à 260 m d’altitude, des grandes plaines un peu monotones et de magnifiques forêts qui m’enchantent. C’est un peu fastidieux mais cela fait parti du voyage. Il faut s’accrocher. Ce n’est plus de la conduite technique mais de l’endurance, il faut tenir. Dans une semaine je suis à la chasse, en vacances de moto pendant quelques jours. Bonheur.


Siberian Safari Club Hotel



Une hôtellerie de qualité inégale mais avec le Siberian Safari Club Hotel où je suis descendu à Krasnoyarsk, peut être une certaine tendance à l’ambition dirons nous. 


25 juillet

Cadeau d'un adorable ivrogne
Et puis avec l’arrivée à Novosibirsk c’est la fin de la Sibérie. Déjà ! Cela a passé tellement vite, tant de préparation, d’anticipation et quand l’action est là presque en un instant, c’est terminé. Je la regretterai bien ma Sibérie. Au fil des kilomètres, je l’ai adoré. C’est vrai les gens n’ont pas le contact très facile, mais, quand ils sourient, je fond littéralement. Je me souviendrai de cette babouchka adorable et trop mignonne avec son bon sourire ébréché, me voyant crevé et abattu qui m’apporte un gâteau sec et de cet ivrogne à mon départ d’Irkukst qui me donne 3 poissons séchés et une bière.
Et de tous ces gens qui m’ont apporté le réconfort d’un signe, d’un geste à défaut de la parole. 


Je me souviendrai de ces routes la plupart du temps, excellentes mais aussi très souvent pleines de nids de poules voire de plus de routes du tout pendant des dizaines et des dizaines de kilomètres. Les dernières bien plus amusantes que les premières, trop monotones, pas assez ... russes. 



Je me souviendrai longtemps de ces forêts infinies de bouleaux et de sapins qui appellent le mystère. A la fois elles attirent et elles font peur. J’aurai trop aimé aller me perdre dans le plus profond pour y voir un loup, un cerf ou un élan.


  
Mais ce que j’ai le plus aimé ce sont les petites isbas le long des rues dans les villages de campagnes. Elles sont soit en rondin soit en planches bien agencées géométriquement. Les toutes petites, les plus vieilles souvent penchées prêtes à s’effondrer. Il y en a des bleues pas accrochées à la colline mais dans la bonne terre sibérienne, des vertes avec les fenêtres de couleur. Elles sont trop mignonnes. J’en ai pris des centaines en photos.




Voilà, je suis mordu par la Russie si attachante et aussi un peu énervante quelque fois. Il va falloir partir et cela me rend tout triste. Mais d’autres aventures m’attendent qui seront aussi formidables.
Ce peuple a été pendant si longtemps persécuté physiquement et mentalement par des crétins qui essayaient de leur faire avaler des théories fumeuses à coup de terreur, de goulag, de déportation et que sais-je encore. On peut comprendre que ces gens soient un peu méfiants, repliés sur eux mêmes. Cela ne m’étonne pas trop qu’ils n’aient pas enlevé tous les signes de l’ère précédente, rues, statues etc... On leur a tellement bourré le crâne pendant 70 ans.


En attendant me voilà à Novossibirsk, porte et capitale de la Sibérie, métropole de 2 millions d’habitants. J’y ai prévu 3 jours de repos ce qui m’affole toujours un peu. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire pendant 3 jours. D’abord pas de moto, je fais tout à pied, l’exercice est indispensable. Novossibirsk c’est le pari de la modernité. Enfin pas pour les transports en commun. 




Bon ils ont gardé l’inévitable statue de Lénine mais on sent qu’il n’y a pas une grande conviction derrière ce maintien. Pour tout vous dire Novossibirsk pas très intéressant mais bon il faut tout voir. 




Des longs moments privilégiés de silence et de recueillement seul dans l’église catholique de la Transfiguration. La petite lueur rouge est bien là. Toujours. Une paix incroyable me gagne. C’est un moment de bonheur authentique. J’y associe Béatrice et nos 5 enfants et nos 3 petits enfants et tous ceux, famille et amis, qui me sont proches. 
Sans oublier que je ne devrai pas être là et que si aujourd’hui je fais le malin avec ma moto en Sibérie et ailleurs, je le dois bien à quelqu’un. Quand on reçoit un tel cadeau la moindre des choses c’est la gratitude. Service minimum.


Maintenant questions pratiques : les ennuis de moto semblent terminés. La signalisation dangereuse sur mon tableau de bord a  complètement disparu depuis hier. Mais vigilance !
En ce qui concerne le GPS, il est vrai que quand on a un projet tel que le mien qui doit s’insérer dans une fourchette de temps, c’est un instrument indispensable. Pas tellement d’ailleurs pour rouler de ville à ville, là on a des cartes mais surtout à l’intérieur des villes pour trouver facilement garage, hébergement, essence etc . . . 
Je pense que sans mon GPS il m’aurait fallu au moins 3 mois supplémentaires pour faire ce voyage.

Je vous quitte maintenant car luxe des vacances : la sieste. A ce sujet, je suis en train de réaliser une étude circonstanciée des bienfaits de la sieste avant le déjeuner et de celle après le déjeuner. C’est un sujet d’une extrême importance et vous serez tous tenu scrupuleusement au courant des publications scientifiques que je serai amené à faire dans ce domaine. 

27 juillet

Alors que je préparais ma moto hier pour mon départ ce matin, un SMS m’annonce que ma semaine de chasse, qui était organisée avec des dates figées depuis plus de 6 mois, est purement et simplement annulée. Des histoires de date d’ouverture qui ont changé au dernier moment. Je ne suis pas convaincu par ces explications et je m’interroge sur ce qu’il y a réellement derrière cette histoire. 
Ce projet était un des points forts de mon voyage et j’étais tellement impatient de me rendre sur ce territoire dans les montagnes de l’Altaï en moto et d’y crapahuter derrière les chevreuils. 
Résultat des courses,  je dois quitter mon hôtel mais je ne sais pas où aller ni quelle direction prendre. En fin de compte je vais rester une journée de plus à Novossibirsk et malgré tout essayer de trouver une autre solution.

Vous dire que je suis déçu n’est pas assez fort. Je suis littéralement assommé par cette nouvelle et très mais alors très en colère. Livide. Une bonne marche va me calmer.  

28 juillet

Une solution semble se dessiner pour une alternative et j’ai un rendez-vous le 30 juillet vers la fin d’après midi avec un autre guide à Oskemen au Kazakhstan qui m’emmènerait chasser dans un secteur un peu plus au nord que celui originalement prévu. Enfin on verra bien, de toutes les manières je ne suis pas en position de faire le difficile maintenant.

N’en pouvant plus d’attendre à Novossibirsk, je mets à profit les 2 jours de libre que j’ai devant moi et prends la direction plein sud vers la frontière mongole pour visiter cette région aux abords de la chaîne de l’Altaï. 
Je serai obligé de revenir sur mes pas pour le passage de frontière à Rubtsvosk. Donc cela va faire des zigzags sur ma carte d’itinéraire.
     
29 juillet


Pour ma Loïse chérie

30 juillet

Cela fait très précisément 3 mois jour pour jour que je suis parti de Tourouvre et combien de vies ai-je vécu pendant ce voyage ? Je ne réalise pas bien que c’est moi qui ait fait tout ça, le Denali Highway, la route de Prudhoe Bay, la Corée, la route de Chita en Sibérie, et tout le reste. Quand je lisais les récits des voyageurs qui ont fait le même parcours j’étais évidemment très admiratif et très envieux de leurs exploits. Dieu sait s’ils m’ont fait rêver! Et aujourd’hui je n’arrive pas à assimiler que moi aussi je l’ai fait. Les préoccupations du quotidien ont replacé le rêve et la performance. Et puis il faut bien dire que jusqu’ici tout est tellement plus facile que je ne le pensai. 

Hôtel ou maternité?

Dans quelques instants je quitte la Russie après avoir dormi dans une petite ville près de la frontière avec le Kazakhstan. Mon hébergement était dans l’annexe de la maternité locale à 2 pas de la salle de travail. J’ai fait des prières pour qu’ils pratiquent les accouchements sous péridural. Mais c’était calme hier au soir. 



Donc aujourd’hui la page de la Russie se tourne. Comme je l’ai dit plus haut, c’est un pays très attachant et je suis bien triste de le quitter. On ne réalise pas bien son immensité, j’ai fait 5000 km pour venir jusqu’à Novossibirsk et il doit y en avoir au moins autant encore jusqu’à la frontière polonaise. Ce qui laisse pas mal de place pour y loger de nouveaux projets dont une traversée de la Sibérie du centre et de l’est soit au nord du Lac Baïkal et en direction de Magadan sur la côte est. Enfin, j’espère qu’un jour on en reparlera. 

Si mes projets de chasse se confirment, je n’aurai plus accès à internet à partir de ce soir jusqu’au 6 août. Néanmoins, je garde ma balise avec moi et vous pourrez ainsi suivre mes allées et venues dans la campagne kazakh.

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