vendredi 12 février 2016

8/ Ouzbékistan

Friendship Bridge !
24 Août

Un passage de frontière où ils se sont donnés le mot des 2 côtés pour me casser les pieds. D’abord, du côté tadjik pour une sempiternelle histoire de papier manquant puis les ouzbeks s’y sont également mis en fouillant toutes mes affaires y compris ma trousse à pharmacie dont il a fallu faire l’inventaire complet et expliquer l’utilisation de chaque médicament  de la seule manière que j’avais de communiquer : le mime. Le cœur, les poumons, les bobos, les yeux, le pipi et le reste, tout y est passé. Quand on a attaqué l’Imodium pour mimer la différence avec l’Ercefluril  ça a été un très grand moment. Assistait à la scène un couple de tchèque, qui a préféré sortir de la pièce en hoquetant de rire. Finalement je comprends que les douaniers ouzbeks cherchent dans les trousses à pharmacie des touristes tous les médicaments opiacés, codéine et autres qui sont interdits en Ouzbékistan même avec une ordonnance. 

Finalement tout se finit bien. 


Après avoir traversé des immenses cultures de coton, mon chemin cette fois m’amène  à Termiz, la ville la plus au sud de l’Ouzbékistan, écrasée par la chaleur. Elle se trouve au bord de l’Amou Daria, que j’avais déjà traversée plus au nord sur un mauvais pond flottant il y a 2 ans. 



De l’autre côté de la rivière, une fois encore l’Afghanistan. Au moment où l’Union Soviétique envahit ce pays probablement au début des années 80, ils ont construit un pont sur cette rivière, le Friendship Bridge, le Pont de l’Amitié. Il n’y a pas à dire ces gens là étaient d’un cynisme à  toute épreuve.
Vous avez tous vu ce pont dans les actualités car par un retour des choses que seule l’Histoire sait nous offrir, c’est par ce pont que les troupes russes ont évacué l’Afghanistan. Vous vous souvenez peut être du général en chef russe avec son jeune fils dans un blindé en train de traverser ce pont vers l’Ouzbékistan.

Complètement raté

En tout cas moi je m’en souviens très bien et c’est ce que je voulais voir. Impossible de m’en approcher en moto, trop de militaires et de flics et je prends un taxi qui tremble de trouille de me voir en train de faire des photos et une petite vidéo. La police rode partout, nous sommes en zone frontalière chaude. Finalement rien ne sort de mes tentatives de reporter que quelques photos. Mais j’ai vu mon pont «pour de vrai» et je suis ravi de mon coup. Bon le petit a vu son pont, il est content, il ne va plus nous embêter avec ses caprices maintenant.

18 contrôles de police en 580 km, ça c’est le lot du routard en Ouzbékistan. Au début, ça agace vraiment, on est obligé de contrôler ses pulsions de colère puis on arrive à s’y habituer comme d’un mauvais aphte sur le bout de la langue. 18 fois il faut sortir le passeport et  répondre aux mêmes questions stupides. Malgré les bonnes résolutions de patience, c’est quand même difficile dans ces conditions, de rester philosophe et de prendre les choses du bon côté. En tout cas, cette débauche policière est bien le signe de la grande paranoïa ou de l’insécurité réelle ou prétendue qui règne dans ce pays. A voir.

Traversée de la partie ouest du pays, pratiquement désertique avec une température qui oscille entre 38 et 40 degrés. Ça chauffe dur sur le casque. Mais le pire c’est mon pantalon de moto en peau. équipé de ses protections aux genoux et aux hanches: avec cette chaleur, c’est à la limite de l’insupportable. Je longe de loin la rivière Amou Daria et de l’autre côté, c’est le désert du Turkménistan où il y a 2 ans, j’avais fais la rencontre de Vincent Bernard (voir dans l’onglet Voyages précédents, la Route de la Soie). A ce sujet, je viens d’apprendre 2 bonnes nouvelles à savoir la sortie de son bouquin (à commander sur son site http://www.resiliencevincent.fr/sortie-du-livre-resilience-pendant-un-heureux-evenement-mon-mariage/) et ensuite son mariage. Je suis trop content pour lui.

Les routes sont bien meilleures qu’au Tadjikistan, avec malgré tout quelques passages plus difficiles. C’est dans l’un de ceux-ci que je me fais doubler par une voiture qui roule à tombeau ouvert en  projetant des cailloux de tous les côtés. Par miracle, j’en vois un gros comme un œuf qui m’arrive droit sur le visage, en un millième de seconde, je baisse la tête et la pierre tape mon casque. Amorti d’accord mais toujours de bons réflexes notre voyageur. 

26 Août





Arrivé à Bukhara où la fraîcheur n’est toujours pas au rendez-vous, je retrouve mon petit hôtel d’il y a 2 ans, le Sacha & Son Bed & breakfast, un must si vous venez un jour à Bukhara. Mais toujours le même  problème en Ouzbékistan à savoir que les cartes bancaires ne sont acceptées nulle part. Il n’y a pas de distributeurs de billets et pour faire le change, je suis contrains de taper dans mes réserves de liquide ce qui ne me convient pas du tout. La parité est de 2200 som pour 1 dollar et il n’y a que des coupures de 1000 alors pour régler mon hôtel je dépose des liasses sur le comptoir de la réception. Le système est complètement absurde et je décide finalement de quitter l’Ouzbékistan avec quelques jours d’avance sur le programme pour ne pas obérer mes réserves.  

Retrouvailles avec un jeune irlandais qui fait le tour du monde à vélo depuis 5 ans avec sa petite amie anglaise. Je les avais rencontré quelques jours auparavant. Nous dînons ensemble avec également un anglais qui rejoint l’Angleterre depuis la Nouvelle-Zélande toujours en vélo, un français qui essaie de rejoindre Mars à la Lune à cloche pied et une allemande qui fait le pôle nord-le pôle sud sur la tête! Un dîner surréaliste!
J’avais déjà parlé de Bukhara dans un voyage précédent aussi cette fois, je vous laisse admirer cet endroit riche de pureté et de simplicité par une petite galerie de photos.















2 nouvelles bien tristes en cette fin de journée qui, à priori, n’ont pas de lien si ce n’est la fin d’un monde sans que je ne sois bien confortable avec la visibilité que j’ai sur le nouveau.
D’abord, l’annonce du départ de notre curé le Père Édouard, qui ne sera pas remplacé en tant que curé de notre paroisse. Des prêtres viendront faire des services sur un mode irrégulier. Nous savons bien tous que cela devait nous arriver un jour mais cette annonce est bien douloureuse et pose bien des questions.
Par SMS, on m’apprend le décès d’Hélie de Saint-Marc. Un homme authentique de la race des Seigneurs. Il n’avait pas de compte en Suisse lui. Un exemple et une référence pour beaucoup d’hommes de ma génération. Tristesse infinie. 


Il faut savoir 

Que rien n’est sûr, 
Que rien n’est facile, 
Que rien n’est donné, 
Que rien n’est gratuit. 
Tout se conquiert, 
Tout se mérite. 
Si rien n’est sacrifié, 
Rien n’est obtenu
Hélie de Saint-Marc



27 Août

La route de Samarcande est sans difficulté sauf bien sûr le harcèlement policier qui continue. A un contrôle, cela se passe tellement mal que je suis tenté de faire l’impasse sur Samarcande et de foncer au Kazakhstan là, immédiatement. Je ne comprends pas, j’avais gardé de très bons souvenirs de l’Ouzbékistan il y a 2 ans. Quel changement! Finalement je ne regrette pas que personne de ma famille ne soit venu m’y rejoindre, car tout est trop compliqué et l’ambiance trop lourde. L’Ouzbékistan 2013 est une vraie déception. 

Finalement je vais quand même à Samarcande et je ne sais pas, je dois avoir des mauvaises vibrations mais je fais mauvaise pioche. Un flic tous les 10 mètres et tous les sites intéressants sont fermés. Conséquence je passe l’après-midi dans mon hôtel et pas de photos de Samarcande à vous montrer. 
Vite, vite, mes valises, mes clefs, ma moto, il faut partir vite et loin et ne jamais revenir dans cet endroit. 

28 Août

La dernière matinée Ouzbékistan a été du même tonneau que le reste. Épouvantable. A chaque contrôle, on me demande des papiers différents. Je n’y comprends plus rien. Le scénario est pratiquement le même à chaque fois: le préposé prend mon passeport, l’ouvre, le montre d’un air consterné à son collègue, va chercher un supérieur qui disparaît avec mes documents pendant que je reste là à me demander ce qui ne va pas encore et encore. 
Ils sont devenus fous à lier. Ils sont tellement odieux qu’ils sont brouillés avec tous les autres pays de la région qui ferment leurs frontières les uns derrière les autres. De ce fait, cette paranoïa est sûrement lié à un sentiment d’insécurité dû à leur isolement dans le secteur. Évidemment, le poste frontière que je devais prendre vers Tachkent est fermé et je dois revenir sur mes pas pour sortir de l’Ouzbékistan. On rajoute 200 km au compteur.

Pour faire un bilan complet, j’ai passé un total de 4 jours en Ouzbékistan. Sur les 4 jours, j’ai pris une journée pour visiter Bukhara et j’ai donc roulé 3 jours. En 3 jours j’ai passé 26 barrages de police et sur les 26, je me suis fait contrôler 19 fois soit 6 fois par jours.
Si je vous raconte le passage de la frontière vous allez encore dire que je fais du mauvais esprit et que je charge la barque. Donc je vous laisse deviner. Il est vrai que j’ai fait quelques voyages, ou séjours à l’étranger mais jamais je n’avais été confronté à une situation pareille.

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