jeudi 18 février 2016

2/ Amérique du Nord

Inévitable Rushmore


30 avril

Bon la dernière fois, avant que tout ne s’efface d’un seul coup, ça commençait  avec GOOD MORNING AMERICA. Je trouvai que c’était une bonne entrée en matière alors même si cela fait un peu réchauffé, il n’y a pas beaucoup de raisons qui m’empêchent de le refaire. Alors on y va.
        
GOOD MORNING AMERICA

D’abord avant de vous reraconter rapidement mon arrivée à New York, c’est avec soulagement que j’ai réussi à faire marcher ma balise et vous pouvez suivre mon itinéraire avec une précision de 10 minutes sur l’onglet «itinéraire/route».

Money city: Wall Street


Donc un hôtel sur la rive coté New Jersey de la rivière Hudson, en face et avec une vue extraordinaire sur Manhattan, un ferry m’emmène en ¼ d’heure en plein centre de New York où je flâne pendant 2 jours. 




trop beau


Le printemps réussi bien à Central Park, des cerisiers en fleurs rose partout, je m’attable à un café et regarde tout ce petit monde : ça jog, ça se promène, ça fait bronzette, ça flirte, ça se bécote. Tout est normal. Pas un gramme de stress malgré les attentats récents. Il fait beau, c’est superbe.



Un vieux monsieur est complètement gâteux avec son chien, qui en retour le regarde avec des yeux couleur miel remplis d’adoration. Tiens! Tiens! Cela me rappelle quelqu’un! 

Déjeuner avec les Nelson, perdu de vue depuis 20 ans mais surement pas d’affection. Merlin a 91 ans toujours si distingué, si gentil. Avec Janet, ils font un ménage magnifique. La très grande classe. C’est avec Janet et les 2 garçons, Craig et Brian, que j’ai fais mon premier voyage insolite à l’âge de 15 ans. Le tour de l’Écosse en caravane. Riche de souvenirs et d’aventures. Depuis c’est vrai que cela n’a pas arrêté.

Merlin, Janet, Claudia & Rory

Je rentre à l’hôtel le soir, épuisé, avec les pieds comme des escalopes panées.

la momie

Nous sommes en Amérique et les formalités administratives sont réduites au plus stricte nécessaire, une seule chose compte, l’efficacité et cela rend la vie tellement plus agréable pour tout le monde: résultat je dédouane ma moto en moins d’une heure, trop content de la récupérer toute emmaillotée quelle est comme une momie. Par contre avec un GPS récalcitrant il me faudra 3 heures pour faire les 19 km qui me séparent de mon hôtel.



4 mai
John le grand et moi le petit


Retrouvailles  pour déjeuner à Princeton, ravissante et opulente ville universitaire,avec un ami, John Oates, jeune retraité de 40 ans avec qui j’avais fait la route de la soie vers la Chine. Bonne rigolade et rêves de futurs projets.



5 mai

La route vers le Canada me fait traverser les monts Appalaches, grandioses. L’Amérique profonde commence là. Je me régale, des rencontres toutes simples, des gens toujours adorables, il fait beau,  température idéale pour faire de la moto, tout ça commence plutôt bien. Un petit excès de vitesse en pleine campagne, vite interrompu par la marée chaussée locale : on se croirait dans un feuilleton télévisé. On montre ses mains bien en évidence, on répond poliment, on ne discute surtout pas. C’est un peu ridicule, sauf bien sur que l’on fait une exception et me laisse partir. Donc ridicule mais gentil malgré tout.

Dans un village je traverse une rue qui s’appelle Tique road : une célébrité locale ? Je ne saurai dire mais en tout cas avec un nom pareil ce n’ai pas un endroit où j’irai promener mon Casimir.  Ça non !

6 mai

Lac supérieur encore froid
Niagara

Niagara Falls, 1 million de touristes et de tonnes de béton ne rendent pas justice à ce site incroyable. J’en pars vite, direction plein nord Dès l’arrivée sur le lac Supérieur à Sault Sainte Marie, en 1 km,  la température passe brutalement de 21 à 5 °C. Le lac est encore gelé et nous sommes en mai. 



Pour éviter la torpeur qui me gagne je fredonne la chanson de Bob Dylan «The girl from north country» que ceux de ma génération se rappelle surement, nous étions en plein dans les années baba-cool.


Je suis congelé et suis obligé de m’arrêter. Ce n’est pas par ici que je vais faire du camping. Paysages magnifiques de toundra dans les replis du lac, torrents, rivières en cru. Des milliers d’oies, un orignal énorme et très laid et de nombreux cerfs de Virginie (white tails) qui viennent brouter le long de la route, pour arriver à un petit village Wawa que j’adore. Il fait entre -20 et -30 degré pendant 6 mois de l’année et dès que la température monte au dessus de zéro c’est l’été pour les autochtones qui se mettent en tenue estivale, bermudas et jupes d’été. En attendant je pioche dans mon sac pour me rajouter des couches supplémentaires.

Question pratique, tout se met en place petit à petit, je réorganise le brélage de la moto, les problèmes techniques trouvent des solutions, calmement, naturellement. Quelques petits soucis quand même entre autre avec mon GPS qui intempestive un peu trop, avec ma cheville (celle qui fulgure) mais rien de sérieux ni d’inattendu.

9 mai

Retour aux États-Unis et arrêt prévu de longue date à Duluth (imprononçable) pour m’équiper d’une superbe veste car l’ancienne n’était plus qu’une guenille. Elle est formidable avec des coques de protection partout si bien que j’ai l’impression d’être un chevalier français à Azincourt avec son armure. Seule la monture change. Je suis quand même bien engoncé! Un petit salut au passage à mes amis d’Azincourt qui se reconnaîtront.


lui
elle

Comme je suis malgré tout dans le pays qui a envoyé des gens sur la lune ce qui en dit quand même long sur ses capacités techniques, pour avoir chaud, ils ont équipés cette magnifique veste d’une doublure que l’on peut gonfler comme une bouée.




Mais ce n’est pas tout car nous sommes dans le pays des grands froids, on peut connecter cette doublure à la batterie de la moto, pour en faire une veste chauffante. Si tout ça marche bien et que je ne me retrouve pas cuit à l’étuvée  tout le monde sera d’accord avec moi pour penser que j’ai fait un achat formidable. Onéreux mais formidable. A moi l’Alaska, je suis paré. Alors évidemment Béatrice veut faire son intéressante et m’envoie une photo avec son casque et sa  tenue jaune. Quelle belle paire de canaris nous faisons !


quelle actrice!

Pour aller à Milwaukee, je prends « La route de Madison » où je pense pouvoir trouver la sublissime Meryll Streep mais finalement elle est absente  et je ne la verrai pas. On me dit également que Clint Eastwood a quitté la région voilà bien longtemps. 




10 mai


Faire un voyage en moto dans le nord des États-Unis et ne pas faire le (grand) détour pour visiter le musée Harley Davidson à Milwaukee serait une grande  lacune même si je ne suis pas tout à fait de la même persuasion.  En réalité c’est passionnant. Sont exposées de véritables œuvres d’art, toutes chromées, toutes peintes avec des somptueuses couleurs, puis des bizarreries, des motos à 3 places toutes en longueur, à 2 moteurs, motos militaires etc... J’admire et je me régale une après midi entière.


Je trouve l’original de la moto dont Bernard m’a fait passer la photo avec nos 2 pères.

Harley museum: Pawel le grand et moi le petit

Il est maintenant temps de me séparer de mon grand (1.98m) camarade Pawel Chobrok rencontré il y a 2 ans sur la route de la soie vers la Chine et qui vient de passer 5 ou 6  jours avec moi à faire le tour des grands lacs avec sa moto. Dans l’onglet ‘autres voyages’ et dans mon journal de voyage vers la Chine je raconte l’histoire incroyable de sa famille : son grand père était le dernier roi de Bulgarie disparu pendant la guerre dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. 
Il repart à Toronto où il habite et moi je prends la direction opposée, plein ouest.


12 mai

Arrêt dans une concession BMW à Iowa City, pour faire réparer mon pare brise et faire de l’huile: mon voyage enthousiasme tout le monde, je suis la vedette bien involontaire. 

Je suis un peu en avance sur mon programme aussi je rejoins Sioux Falls depuis Iowa City en faisant le chemin en escalier vers le nord ouest par les petites routes toutes perpendiculaires les unes aux autres. C’est l’Amérique agricole avec des petites communautés rurales perdues au milieu des cultures de maïs. Des parcelles immenses. Les fermes sont impeccablement propres, avec des petites maisons d’habitation séparées, toutes blanches ou ocres : c’est nickel. Toujours les silos et les granges de la même couleur que les maisons. Je m’arrête souvent, c’est très intéressant, les gens sont sidérés de me voir arriver, parce qu’au niveau des distractions, les occasions semblent être rares, ce n’est pas tout à fait le Quartier Latin dans les parages. Accueil toujours chaleureux, gentillesse extrême. Quelques communautés Amish après Sioux Falls.  Il fait froid, de 10 à 12 C°, avec un vent du nord glacé contre lequel ma moto et moi nous nous battons toute la journée et qui fait descendre la température ressentie à quelques degrés seulement. C’est éreintant. Premier engagement physique sérieux de ce voyage.

Après les plaines glacées de l’Iowa, le Dakota du Sud avec ces immenses prairies : nous sommes dans un pays d’élevage  donc le pays des cowboys. Des parcelles énormes à coté desquelles nos prairies normandes ressemblent à des petits lopins. Nous sommes également dans le pays des indiens, sioux et cherokee. Vu le peu de cheveux qu’il me reste je n’ai pas trop d’inquiétude pour mon scalp.
50 km avant d’arriver à Rapid City je vois les Black Hills qui se détachent à l’horizon et c’est précisément là où je me rends pour prendre ma première journée de repos depuis mon départ. 

15 mai


Crazy Horse en devenir
4 présidents
Je sacrifie au rite du tourisme et visite Rushmore Mountain avec les visages de 4 présidents sculptés dans la montagne. Seulement les clans indiens du secteur ne voulant pas passer pour des crétins et pour commémorer les innombrables massacres dont ils ont fait les frais, ont décidé de faire également une statue évidemment plus grande que celle des blancs. Bon, ça traîne un peu car ils sont sur le chantier depuis 35 ans. La statue sera celle du grand chef indien Crazy Horse. A Paris on pourrait demander aux candidats des prochaines municipales de faire des statues gigantesques des pensionnaires de ce célèbre établissement. Élection assurée ! Moi je vote pour.


devant Black Hills
derrière Black Hills
Matinée de repos et c’est le temps de la lessive, des courses et d’une bonne sieste. Puis je pars dans les montagnes et je découvre un paysage extraordinaire, genre décor de cinéma en technicolor pour la Conquête de l’Ouest  de John Ford ou le film Jeremiah Johnson. On n’attend plus que le «moteur» du chef opérateur pour que Robert Redford rentre dans le champ et se fend d’une sérieuse explication de texte avec un guerrier cheyenne. A chaque instant je m’attends à voir un indien surgir de derrière un rocher pour me faire des difficultés. Tout est là, impeccable, les sapins sont en place, on dirait que l’herbe a été tondue hier, il n’y a pas une ronce, pas une ortie comme chez nous. C’est formidable. On se demande si tout ça est réel.
  
Apocalypse
Mais patatras, le décor est fragile. Un ranger du département des forêts du ministère de l’agriculture m’explique qu’un scarabée a envahit depuis quelques années  cette région et ses larves ont littéralement dévasté les forêts de sapins.  Ils ont été obligé de raser des massifs entiers et le résultat est terrifiant, apocalyptique. 



17 mai


Puit de pétrole dans le désert du Wyoming
Je quitte les grands axes et m’achemine vers Yellowstone par le sud et les petites routes. Bonne pioche! Après Newcastle jusqu’à Casper je tombe sur un désert de 250 à 300 km de long peuplé d’antilopes dont on se demande ce qu’elles viennent faire dans ce coin. En fait il s’agit de la seul et dernière antilope endémique à l’Amérique sous le nom de pronghorn.  C’est extraordinaire. Impossible de les approcher pour les prendre en photo. Je suis trop content de ce chemin. Bon c’est vrai ce désert  là comme les autres ailleurs, sent assez fort le pétrole. Il y a une fatalité assez généralisée comme quoi soit la surface est riche et le sous-sol pauvre comme chez nous, soit le contraire. Il faudrait rétablir quand même un certain équilibre, enfin moi je trouve. Finalement un derrick derrière la maison à Tourouvre, moi, avec le temps, je suis quasiment sûr que je m’y ferai.


désert du Wyoming
encore désert du Wyoming
J’ai pris mon parti de ne plus utiliser mon GPS depuis Iowa City et de ne suivre que les routes rouges marquées en traits pleins ou pointillés sur la carte International Maps. USA : West Half. Alors évidemment hors des sentiers battus mon voyage prend une autre dimension. Dans le désert extraordinaire au sud du Wyoming je n’ai pas croisé 5 voitures en 300 km.




Rouler dans ce décor grandiose avec le «Rigoletto de Maria Callas» dans les écouteurs de mon casque cela valait son pesant de cacahuètes.
    
Yellowstone, Mont Teton!
                        
Arrivée unique dans le parc du Yellowstone par le sud. Là on touche au sublime. Yellowstone c’est du lourd. Tout est beau, rien ne choque. Les geysers, les chutes d’eaux, les bisons, les wapitis, tout le monde est là, il ne manque rien. A voir et à revoir mais en été.



Arrière-train d'un bison
Haut des arbres


Avant mon départ un de mes amis motard m’avait fortement conseillé d’acheter un appareil de photo de la marque Gopro que l’on fixe sur son casque ou sur le pare brise de la moto. On déclenche par une petite télécommande fixée sur le guidon. Tout ça c’est bien joli sur le papier car effectivement prendre des photos quand on tient un guidon cela peut être dangereux. Mais quand on voit le résultat, je me dis que les choses ne sont pas si simples que le fabriquant l’annonce sur son prospectus. Par ailleurs je suis sous anti-inflammatoire avec un torticolis épouvantable. Pour compléter le tableau avec ce truc là sur la tête les gens me regardent en se poussant du coude, genre «encore un frappa dingue !»

un peu ridicule

18 mai

Départ de Yellowstone, plein nord toujours sur mes petites routes en pointillés rouges et je passe encore une journée fabuleuse malgré la pluie qui n’arrête pas, toujours pratiquement seul. Le col du Chief Joseph à presque 2500 m où la température descend à 2°C sur le compteur de ma moto. Si cela continue à descendre à 0°C ou au dessous c’est la catastrophe car comme la route est mouillée il est hors de question de prendre des risques en moto sur une route gelée. Comme d’habitude tout fini par s’arranger. 


Sagesse


Sur ma petite route je tombe sur le village de la Sagesse, qui n’a que 167 habitants ce qui n’étonnera qu’à moitié le philosophe. 




La remontée vers le Glacier Park  en prenant  la route du coté est du lac Flathead, avec des champs de cerisiers en fleurs, des petits jardins pleins de lilas rose, blancs et rouges pour enfin arriver au village adorable de Big Fork. Un peu écrasé par la magnificence des paysages et des sites traversés depuis une dizaine de jours et je suis enchanté au bord de ce lac de trouver un environnement plus à ma portée de pauvre humain, plus petit, plus cozy, plus abordable.



Lac McDonalds sud
Sapins
Puis la route est bordée de chaque coté par les sapins en rangs serrés impénétrables, quand un incendie démarre évidemment avec cette densité, ce sont des dizaines de milliers d’hectares qui partent en fumée à chaque fois. Le nord du lac McDonald est ainsi complètement ravagé par un incendie qui à eu lieu il y a quelques années. Vision apocalyptique. La rive sud par contre est absolument superbe.

Abomination

19 mai

Dimanche de Pentecôte à l’église Saint Charles Borromeo de Whitefish dans le Montana. Il y a un peu plus d’un mois j’assistais à la messe de Pâques dans un petit village du nord du Bénin. De la plus grande pauvreté je passe à la plus grande opulence et j’y retrouve le même sentiment extraordinaire d’une grande fraternité avec cette assemblée, avec qui je n’ai pas grand chose en commun que l’essentiel. 


Un petit coup de bourdon au passage, la famille est loin. En tous les cas le Saint Esprit, s’il a permis aux apôtres de se faire comprendre dans toutes les langues de la terre, il aurait pu faire un petit effort supplémentaire en ce qui me concerne, car très honnêtement je ne comprends pas le dixième de ce que les gens me racontent et visiblement ils ne comprennent pas non plus grand chose à ce que je leur dis.

Lac Louise
Canadian Rockies


La frontière du Canada est expédiée en 10 secondes et je suis dans les Rocheuses canadiennes sur 500 km jusqu’à Jasper.


  

Là mon problème devient un problème de vocabulaire, une fois que j’ai dit,  grandiose, majestueux, superbe, enchanteur, etc  . . . je me rends compte qu’aucun mot ne peut réellement rendre ce que je vois. Les photographes de cartes postales sont à leur affaire. Nuit passée au bord du lac Louise avec une petite pensée pour la Grande et très regrettée. Puis Jasper, que l’on voudra bien comparer avec malgré tout une énorme dose d’optimisme, à Chamonix. En tous les cas l’ambiance est la même, randonneurs, VTT, etc . . .

Lors d’une halte je rencontre un motard avec qui nous prenons un café. Il est très admiratif et intéressé par mon voyage, nous discutons un bon moment, évidemment je fais l’intéressant, j’en rajoute un peu, je roule des mécaniques, je joue à l’intrépide, je frime,  je brode, enfin tout le cinéma habituel. Quand vient le départ, je le vois intrigué par mes gants et il me demande si ce sont des modèles spéciaux pour ce type de voyage. Quand je lui explique que ce sont les gants qui me servent à tailler mes rosiers, il en bafouille d’incrédulité. Ma statue de grand aventurier se lézarde soudain.




22 mai



Ours noir
en gris, en blanc ou en civet
Sur la route je rencontre mes premiers ours qui jouent dans une clairière, un lièvre variable, blanc en hiver, gris en été, avec encore quelques touffes de poils blancs, un petit mi-rat, mi-écureuil qui a l’air bien espiègle, et une grande quantité de cerfs qui s’alimentent dans les espaces de chaque coté de la route. C’est toujours un moment rare que de voir de nouveaux animaux.

naughty boy

Après Jasper tout change, je prends délibérément la route du grand nord. Le départ est euphorique, plein d’enthousiasme  je suis Jack London partant chercher de l’or en Alaska. Petite route magnifique jusqu’à Grande Prairie, puis commence une vrai galère pendant 130 km, une circulation folle sur l’Alaska Highway, la pluie se met à tomber et la température descend à 3°C. Quand le brouillard s’en mêle, je jette l’éponge et complètement congelé  me réfugie dans le premier motel qui se présente. Malgré tout le moral tient bon mais je pose la question : honnêtement qu’est ce que je suis venir faire ici ?  Bon j’avoue que personne ne m’a obligé mais quand même, est ce que tout ce touin touin est-il bien nécessaire ?

Le lendemain en me réveillant je regarde par la fenêtre de mon hôtel miteux et tout est gris, sinistre, nous sommes noyés dans la brume. Le compteur de la moto indique une température de 2.5°C. C’est le moment de vérifier si les vêtements de la maison Damart seront à la hauteur de leur réputation. J’ai 5 couches sur le torse dont cette fameuse veste que j’ai branchée et 3 couches sur la partie inférieure du corps. Et me voilà parti et tout commence par aller très bien à ceci près qu’au bout de 50 km je ne sens plus mes mains. Arrêt pour prendre une boisson chaude dans laquelle je trempe carrément mes doigts un par un. Les gens se demandent si je ne suis pas tombé sur la tête.
Restes de neige sur le bord de la route

Plusieurs personnes viennent me dire qu’à 300 km, c’est à dire 150 km avant mon étape de la journée, la neige est tombée.  Alors là, c’est automatique, s’en est fini pour la journée et je m’arrête prématurément dans un motel où aucunes de mes cartes de crédit ne fonctionnent et qui ne prend pas les règlements en liquide. Allô ! On fait quoi ? Non mais allô ! Entre quelqu’un qui veut dormir et quelqu’un qui tient un hôtel même s’il y a des complications, on finit toujours par s’entendre. 


3 jeunes bouquetins
Le lendemain temps maussade et encore froid, en me préparant à quitter Fort St John, je décide donc de ne pas installer mon Gopro ni sur mon casque ni sur le pare-brise : mauvaise pioche, au bout de 80 km un loup solitaire traverse la route devant moi à 50 mètres, et toute la journée ça continue, élan, ours, caribous, un groupe de 3 grizzlis, bisons, chevaux sauvages. C’est incroyable. Le temps que je m’arrête pour prendre mon autre appareil, ces messieurs dames partent vite dans la forêt. Enfin pour les grizzlis, je dois avouer que c’est moi qui suis vite parti car ils me reniflaient et cela avait l’air de sentir bon.



3 jeunes grizzlis


les bisons pâturent
on ne s'en lasse pas

Donc depuis quelques jours la météo c’est  bien améliorée, je vois tout le temps des animaux, le paysage est grandiose, c’est un voyage de rêve. Très peu de monde, pour ne pas dire personne. J’ai vraiment une chance inouïe.




25 mai

La moto tourne comme une horloge, avec malgré tout un souci de pneu : en effet comme la moto est très chargée le pneu arrière qui devait durer 15 000 km est très mal en point alors que je viens de boucler les premiers 10 000 (déjà!). Il faudra trouver une solution soit à Anchorage soit à Seattle. Pour ne pas se geler les mains j’ai trouvé la bonne technique : plutôt que de mettre des gants très épais qui empêchent de recevoir le bénéfice des poignées chauffantes de la moto, au contraire je mets des gants très fins et c’est beaucoup plus efficace. En prenant les avis des uns et des autres, je fais des changements importants dans mon itinéraire. Certaines pistes prévues sont trop incertaines pour être prises seul ou soit carrément fermées. 

Dans 2 jours je passe la frontière de l’Alaska. Je ne suis pas très pressé car j’adore la région que je traverse depuis 3 jours, et je n’ai pas envie de la quitter si vite. Gros changement dans mon programme en Alaska. En effet le printemps est très en retard et la météo dans le grand nord n’est pas très bonne avec des épisodes de neige qui perdurent. En conséquence j’ai décidé d’inverser mon itinéraire et de visiter la baie de Valdez (avec une séance de pêche au flétan prévue) et Anchorage en premier ce qui me donnera une semaine supplémentaire  qui, espérons, fera fondre la neige.


4 étoiles dans le grand nord
la barricade
Une nuit dans un motel qui fait en même temps station service perdu dans l’immensité. Tout est délabré, dans un état affreux. Je suis le seul client (il y a 2 chambres) et même le patron et sa femme rentrent chez eux à 15 km pour passer la nuit. On ne peut pas me laisser seul au milieu de la taïga  on n’a pas le droit. J’ai une trouille (la bleue !) terrible et comme ma chambre n’a pas de clef, je me barricade comme je peux. Du grand guignol ! 
    
Peu de distractions sur la route de White Horse à Dawson City, un vol de gélinotte qui part comme une fusée par mon travers. Des  souvenirs de chasses formidables au Québec avec Bertrand. Ces diables de gélinottes, sont-elles sournoises !



on ne s'en lasse pas
Jo le québécois

Une vue magnifique d’un coude de ce que je crois être la rivière Yukon. Puis un arrêt café à Carmaks et la rencontre de Jo, un québécois dont on se demande bien ce qu’il est venu faire dans ce trou perdu. 




26 mai



Puis enfin arrivée à Dawson City, perdue au bout de la route dans le grand nord, la ville des chercheurs d’or à la fin du XIXème. On a l’impression que rien n’a changé, les bâtiments sont en bois, les trottoirs également, les rues en terre battue. On fait un retour de 100 ans en arrière. Il n’y a pas de touristes donc tout est resté naturel. Les types ont des têtes hirsutes, des personnages incroyables. Il va sans dire que tout ça me plaît énormément.


Sur ma route il y a quelques jours, quelqu’un m’avait raconté qu’à Dawson l’été, c’est à dire quelques semaines en août les pompes funèbres locales préparaient l’hiver en creusant des tombes en avance car l’hiver évidemment impossible de creuser le permafrost. J’ai voulu voir par moi même la réalité de cette histoire et me suis rendu à pied à quelques kilomètres dans la montagne au cimetière de la ville. 

Je n’ai pas pu constater ce que l’on m’avait annoncé mais par contre j’ai trouvé quelques tombes de français décédés très jeunes en pleine ruée vers l’or. Terrible destin. 

La messe du dimanche au premier étage d’une petite église en bois également, décor incroyablement kitsch mais très attachant, trop mignon. L’assistance est pour le moins hétéroclite avec pour commencer le père Ernest, prêtre d’origine nigérienne dont on se demande comment il a atterri dans cet endroit, l’enfant de cœur,  un homme d’une trentaine  probablement d’origine vietnamienne  avec une aube rouge et surplis en dentelle comme autrefois, qui s’endort carrément pendant l’homélie, l’organiste les cheveux ou la barbe ou les 2 , on ne sait plus très bien tellement il y en a, longs très longs, genre hippie soixante-huitard-y-croyant-encore;  il s’escrime sur un harmonium poussif et on s’attend à ce qu’il se roule un pétard d’un moment à l’autre pour se donner du cœur à l’ouvrage. Étonnant. Puis arrive un ménage asiatique avec 2 filles adolescentes. Monsieur sort une guitare et tous les quatre nous font un festival exceptionnel. Un talent incroyable, on croirait Frank Sinatra avec ses chœurs dans une station de radio américaine. Ils ne peuvent être que philippins. Je reconnais le père qui fait le ménage dans mon motel. Pour le reste de notre assemblée d’une vingtaine de fidèles il y a quelques indiens, et quelques personnages d’une allure assez romanesque. Enfin dans notre petite église du bout du monde, encore une leçon de foi extraordinaire. Ils étaient uniques ces paroissiens mais qu’est ce qu’ils ont du plaire à Celui qu’ils sont venus prier ! Un souvenir inoubliable par sa simplicité. Un partage extraordinaire. 


Dawson se trouve à la jonction des rivières Yukon et Klondike qui charrient et laissent sur leurs berges des énormes blocs de glace. J’y aperçois un beau castor. C’est à 14 km d’ici qu’à eut lieu la première découverte d’or dans le ruisseau devenu depuis Bonanza Creek qui a déclenché la fameuse ruée vers l’or dont la meilleure traduction littéraire est le fait de Jack London. Il y a lui même participé en particulier sur la rivière Klondike pour devenir par la suite un monument de la littérature américaine. 

Petit film à l'usage de ma famille
                                                                                          
On m’annonce que malheureusement la frontière américaine à 80 km est toujours fermée à cause du retard de l’hiver. Aucune date d’ouverture n’est proposée. Mes cartes indiquaient pourtant le 24 mai.  Dans ces conditions je dois faire demi-tour pour me retaper en sens inverse le trajet vers White Horse pour passer la frontière de l’Alaska plus au sud. L’irritation passée, finalement je ne regrette pas du tout ce contretemps qui m’a permis de passer 2 jours passionnant dans cet endroit étonnant. De plus j’ai trouvé la route du retour beaucoup plus intéressante qu’à l’aller: optimisme tu me tiens !


Petit film à l'usage exclusif de ma Loïse




Donc 850 km plus tard me voilà en Alaska au croisement où j’aurai dû arriver si la frontière nord n’avait pas été fermée. Je constate que de ce côté-ci de la frontière les indications sont bien affichées. Je m’engage malgré tout sur cette route pour essayer de faire le chemin que j’aurai dû parcourir à l’inverse. Il doit m’amener dans un hameau du nom de Chicken. Le dernier rapport que j’ai eu avec un poulet a été dans le restaurant chinois de Yellowstone où je n’ai pas pu résister à un poulet sichuan. Malheureusement il a mis une bonne semaine à passer. Je n’en dirai pas plus. Peut-être aurai-je plus de chance avec le chicken Alaska.


Le cauchemar absolu
Plus j’avance sur cette route plus je m’enfonce dans la désolation la plus totale : tout a complètement brûlé depuis au moins une dizaine d’année. Sur les 40 km que je viens de parcourir il ne reste rien et aussi loin que porte mon regard à 360° c’est le désert absolu de charbon de bois. Les rangers m’expliquent qu’il faudra 60 ans avant que la forêt ne repousse, qui dit forêt dit lichens si importants pour la nourriture des animaux dans cette région. En conséquence il n’y aura aucune faune pendant 60 ans. On estime que cet incendie à détruit environ 1 million d’hectares. Ces incendies sont pratiquement tous, le résultat de la foudre dans les arbres et devant la magnitude de la catastrophe, aucune intervention humaine préventive n’est envisageable. Si tout ceci est le résultat du réchauffement climatique, il y a quand même du souci à se faire. Dégoûté,  je fais demi-tour.


28 mai

Prudence!

Pour me détendre sur une route annexe, près du village indien de Mentasta, je tombe sur un quad qui a visiblement raté son salto arrière pour piquer du nez dans une congère. Personne ne songe à dégager le véhicule et les autochtones n’ont pas l’air d’apprécier mes talents prometteurs de photographe. Je file.




Malgré tout l’arrivée en Alaska m’offre des paysages spectaculaires en permanence, c’est extraordinaire. Le passage de la frontière s’est passé sans difficulté. Une heure supplémentaire de décalage ce qui nous amène à 10 h avec la France. Très peu de monde sur la route, un poste frontière très isolé. Une petite galerie de photos et une petite vidéo sur mon arrivée en Alaska.


Vidéo sur l'arrivée en Alaska


Monts Wrangell
Entre Tok et Valdez  il fait 25°C, un temps de rêve, ce sont des conditions idéales pour la moto, toujours des paysages à couper le souffle avec sur ma gauche une chaîne de montagne, la chaîne des Wrangell, dont les sommets sont tout enneigés. C’est impressionnant, magnifique. Beaucoup d’élans dans les cinquante premiers kilomètres.



29 mai


Col de Thomson avec le sourire
Elan sans élan au milieu de la route
Cela se termine par le col de Thomson  pour la photo traditionnelle. Puis la descente sur Valdez. D’abord plusieurs célébrations, pour l’arrivée sur le Pacifique après la traversée de toute l’Amérique du Nord souvent par les chemins de traverse, ensuite c’est la fin du premier mois de ce voyage et les premiers 13 000 km depuis le départ. Jusqu’à présent tout va globalement formidablement bien, enfin on fera un bilan lorsque je quitterai l’Amérique pour l’Asie dans un mois. 



Port de Valdez
Baie de Valdez
Revenons à Valdez, entouré de tous côté de montagnes encore couvertes de neige qui tombent droit dans la mer, cela me donne la même impression que si la mer arrivait au pied de Val d’Isère. Il y a probablement 10 000 habitants et tout tourne autour de la pêche.

Arrivée à Valdez

Magnifique flétan
Dès mon arrivée je me précipite au port pour trouver quelqu’un qui voudra bien m’emmener le lendemain pour une journée: l’affaire est arrangée rapidement. La pêche est presque miraculeuse, nous prenons des flétans dont l’espèce compte des spécimens de 70 kg. Plus modestement j’en prends 4 d’une vingtaine de kg. Trop amusant. Au retour, le bateau de Bill, notre capitaine au long cours pas causant, nous fait passer près d’une plage pleine de morses dont la puanteur les précède de quelques bonnes centaines de mètres. Des animaux préhistoriques.
Puis nous laissons à quelques encablures le hameau de Tatitlek et sa petite église bleue avec des bulbes dorés qui vient tout droit de Russie.



Village russe
On m’explique qu’une communauté de russes habite encore cet endroit depuis bien avant l’arrivée des américains. La plupart des autres colons russes sont retournés en Russie à ce moment là sauf quelques irréductibles. Cette histoire me plaît assez. Pour tout vous dire j’adore ce que j’ai vu de l’Alaska mais pour Valdez, c’est le coup de foudre dévastateur.




Route d'Anchorage

Depuis le début de la préparation de ce voyage j’ai toujours eu les plus grosses difficultés à organiser mes passages en ferry. Pour rallier Valdez à Anchorage soit on prend donc un ferry pour Whittier puis 1 heure de route pour Anchorage soit on fait le grand tour par la route soit 500 km. Et ce matin, pas de ferry à l’embarcadère, malgré l’information contraire sur internet.

La photo n'est pas floue, c'est le brouillard

Cela ne fait rien, comme d’habitude la route est somptueuse. Juste un brouillard à couper au couteau pour repasser le col de Thomson.                                    

1 juin


pneu usé
pneu neuf
Dès mon arrivée à Anchorage donc, je file chez le concessionnaire BMW pour prendre rendez-vous pour le lendemain afin de changer mon pneu arrière qui n’en peut plus de supporter mon poids et les bagages. Il aura tenu 14 000 km ce qui est un peu moins que prévu mais malgré tout remarquable compte tenu de la charge qu’il a dû supporter.



J’aurai pu prendre le risque de faire 1000 km de plus mais dans les 2 semaines qui suivent je dois faire 1600 km de pistes pour me rendre dans le nord du nord à Prudhoe Bay.  Qui dit piste, dit peut être boue et sable et les crampons deviennent obligatoires.
Bon maintenant concernant Prudhoe Bay, il faut que je vous fasse part d’un rêve qui me tient depuis l’enfance quand  je regardais les images d’une aurore boréale dans un atlas: j’étais fasciné par ce phénomène et me disais qu’un jour j’irai en voir une pour de vrai. Voilà une histoire qui va surement intéresser mon psy.


Aurore boréale que j'aurai pu voir si...

Maintenant à la veille de la réalisation de ce rêve, je me réveille l’autre matin en me disant que pour qu’il y ait une aurore, boréale ou pas, il faut qu’avant il y ait une nuit. Tout le problème est là. C’est qu’à partir de mon passage à Dawson City, justement les nuits il n’y en a plus du tout. Il fait jour tout le temps. Je crois que pour cette fois je vais m’asseoir bien confortablement sur mon aurore boréale et essayer la Laponie l’hiver prochain. Quoiqu’il en soit maintenant que je suis à pied d’œuvre pour rien au monde je ne raterai cette opportunité d’aller me geler sur les pistes polaires. 

John Oates prend la pause

Hier au soir mon camarade John Oates avec qui j’avais déjeuné il y a un mois à Princeton est venu me rejoindre de Philadelphie pour faire le tour de l’Alaska avec moi. Les retrouvailles sont bien arrosées et le lendemain la matinée est laborieuse!!! Nous nous rappelons les aventures que nous avons vécues ensemble sur la Route de la Soie vers la Chine il y a 2 ans et pendant laquelle nous nous sommes tellement amusés. Le courant passe bien entre nous et nous rigolons beaucoup. Il loue une moto à Anchorage au même garage où je fais changer mon pneu. Nous rencontrons des gens qui nous donnent plein de tuyaux précieux sur les endroits à voir et surtout la qualité des routes ou pistes que nous allons rencontrer dans les prochaines semaines.



Un grand merci à mes supporters
3 juin

Avant de partir dans quelques instants, il faut que je précise que la fin de mon voyage en Amérique du Nord ne correspond plus du tout au tracé rouge sur la carte du monde en couleur. En effet, j’ai commencé ma découverte de l’Alaska par la région sud autour d’Anchorage et finirais par le grand raid vers le nord à Prudhoe Bay alors que c’est le contraire qui était prévu. Puis il était également prévu que depuis le Canada je monte en Alaska par une route et que je descende de l’Alaska vers Seattle par une autre : cela pour mille raison ne pourra pas se faire et il y aura une certaine portion de Tok à Watson Lake où je reviendrai sur mes pas, ce qui soit dit en passant m’est complètement égal. De plus il s’est avéré impossible de transporter ma moto depuis Anchorage vers la Corée du Sud par avion et que ceci ne peut être effectué que depuis Seattle que je devrais atteindre probablement le dimanche 23 juin. J’ai donc une longue route pour y parvenir avec malgré tout en chemin une halte de quelques jours chez des amis à Vancouver. 

Bon maintenant il faut partir d’Anchorage sous une pluie battante pour rejoindre un ferry (enfin!) à Whittier qui me ramènera ce soir à Valdez.  Pour accéder au port de Whittier il faut traverser un tunnel de 3 km à une voie par laquelle passe un train et également les voitures dont les roues se positionnent de part et d’autre des rails et pour les motos nous roulons entre les rails. Comme ceci marche à l’aller et au retour, des horaires de passages sont organisés.



Une nouvelle séance de pêche qui commence par une matinée bredouille puis l’après-midi nous tombons sur un banc de morues et là c’est la pêche miraculeuse: nous prenons 50 poissons en 2 heures, alors le moral remonte d’un seul coup et c’est l’euphorie totale.


             
                   
belle morue
belle journée sauf pour les poissons, bien sûr!


5 juin

Compte-tenu des nouveaux éléments de mon itinéraire il a [...] Nuit passée dans l’hôtel qui reste le seul endroit habité de cet endroit magnifique.


mine de cuivre
pont en bois
hôtel de Kennicott


Cette mine, fermée en 1938, était reliée à la vallée par un train dont certains ouvrages entièrement en bois subsistent encore.  

En redescendant je tombe sur un magnifique élan qui semble complètement perdu dans un hameau de quelques maisons et qui finalement disparaîtra dans la forêt. Ce sont des animaux incroyables d’abord par la taille, une fois et demi plus gros qu’un cheval, par leur métabolisme qui leur permet de survivre l’hiver à moins 30°C et par leur estomac qui est capable de digérer à peu pré tout ce que la nature peut lui proposer, morceaux de bois, lichen, écorces, branches. 

7 juin

A l’entrée du Denali Highway, arrêt café dans un établissement qui a vu des jours meilleurs, nous nous croyons seul mais dans la pénombre, nous apercevons un type incroyable, un âge indéfinissable,  énorme, chauve, le crane cabossé comme une route du grand nord, une barbe de 10 ans. Un type au physique inquiétant, un vrai personnage.  Il parle de temps en temps dans un appareil VHF et le reste du temps a le nez piqué dans un ordinateur portable. Comme je m’enquiers auprès de la patronne de l’établissement de l’état de la piste, notre homme de Cro-Magnon intervient avec force pour nous dire que la route est fermée dans  40 km, coupée par les inondations et que seuls les 4x4 sont autorisés et encore ! Aucune moto ne peut passer. Plus ce monsieur me parle moins je l’écoute. Ma décision est prise, on tente le coup et nous nous engageons sur les 210 km du Denali Highway qui n’est en réalité qu’un chemin de terre et de pierraille. Il est tard, peut être 4 heure de l’après-midi pour commencer ce parcours mais comme il n’y a pas de nuit nous prenons le risque.


plateau Denali Highway
Denali Highway 2e partie


Magnifique montagne
Nous sommes sur un plateau à 1200 mètres d’altitude, il fait 8°C et roulons dans la pierraille, très technique, très physique mais tellement amusant. Les premiers 100 km ne sont pas très intéressants, peu de végétation, encore beaucoup de neige, puis les paysages alaskan reviennent grandioses et majestueux. La conduite sur ce type de route demande tellement de concentration que de toute manière je n’ai pas beaucoup de loisirs d’admirer le paysage, le nez sur la piste en permanence. 


réparation facile
La moto, bien secouée, tient le coup, une fiabilité formidable et rassurante pour la suite des événements. Les caillasses qui  partent de tous les cotés finissent par casser le garde boue de la roue arrière. Je répare sur place. Puis c’est l’arrivée sans une chute, couvert de poussière, un beau challenge, une belle victoire, en tous les cas une bonne séance d’entrainement pour les 1600 km de piste qui m’attendent. Pendant les derniers kilomètres, beaucoup d’animaux partent sous les roues de la moto, élans, caribous, porcs-épics et aussi quelques lagopèdes dont les femelles ont leur couleur d’été, marron alors que les mâles sont encore tout blanc de l’hiver sauf pour leur tête qui est déjà marron. Inutile de dire que tous sont hyper farouches et que les photos sont quasi impossibles à prendre.  Nous arrivons au bout de la piste  assez tard mais complètement  ravis de notre coup.

Hm! Hm!


Arrêt dans un bistrot d’un gout douteux. Les américanophiles comprendront. 





Au fond le Mont McKinley
Une fine équipe
Petit passage au Denali Park qui abrite le mont McKinley, sommet le plus haut de l’Alaska à 6000 m, puis arrivée à Fairbanks pour la phase finale et la plus difficile de ce séjour en Amérique du grand nord. 





8 juin


Je me couche avec un peu d’anxiété car le départ pour cette étape mythique est pour demain à l’aube. Elle durera 4 jours. Il va falloir s’accrocher et se préparer pour de longues heures sur la moto. La météo est primordiale mais totalement imprévisible dans cette région. J’ai une grande confiance, tout va bien se passer.


Quelle chance j’ai d’être là, de faire ce voyage. Merci, merci, merci !

Joyeux anniversaire mon Mathieu

Je suis assez inquiet au départ de Fairbanks puis nous commençons par 120 km de bonne route je me sens plus à l’aise. C’est après que les choses commencent à se détériorer avec un tronçon de 50 km en terre battue, comme il a plu pendant la nuit, une fine couche de boue recouvre la route et c’est à ce moment là Mesdames et Messieurs, que l’on sort le vieux gramophone et que l’on passe le Beau Danube Bleu de Strauss pour une valse des patineurs endiablée. Ma partenaire de 280 kg a ses idées qui ne sont pas toujours les miennes mais nous évitons la désolidarisation des danseurs et la chute.

Cercle polaire, j'ai eu chaud!
Quelques dizaines de km avant d’atteindre le cercle polaire, je souffre d’une manifestation qui m’inquiète un peu, jusqu’au moment où je me rappelle avoir oublié dans la précipitation du départ, de prendre ma petite potion matinale habituelle. Ouf ! je suis soulagé, ce n’est que passager. J’ai eu un peu chaud quand même. Quelques instants de repos  et on fait l’inévitable photo sur le cercle polaire. L’après-midi sans histoire, sur une piste de pierraille et de gravier, je commence à avoir un peu d’expérience cela roule bien. Immensité végétale, nous sommes en pleine taïga, avec un mur de sapin de chaque côté de la piste. Bizarrement, je ne vois aucun animal de toute la journée. 



Motel de Coldfoot
Arrivé dans la station essence/motel/restaurant de Coldfoot où nous décidons de passer la nuit. Au moment où on nous annonce le prix de la chambre, beaucoup plus cher que mon hôtel de New-York, nous partons d’un fou rire nerveux avec John pendant une demi-heure solide. Je suis à deux doigts de me rouler par terre, des crampes dans les abdominaux, j’en étouffe presque. Le décor est quand très rustique et on a vraiment l’impression de se faire racketter et ce n’est pas agréable, ça gâche le plaisir de la ballade. Une arnaque incroyable. Malheureusement c’est ça ou bien la tente. Et les ours rodent surement dans les environs !

9 juin

La journée du lendemain est très difficile, nous commençons par 80 km de tôle ondulée. Je ne sais pas comment cette moto ne se désintègre pas sous les coups de boutoir de la piste. Mon épaule, celle qui est partie en miette il y a un an, me fait terriblement souffrir, mais bon je ne vais quand même pas faire demi-tour maintenant si près du but. 

Toundra


Quelques dizaines de km avant d’attaquer la traversée de la chaîne du Brooks Range, jusqu’au col d’Atigun, c’est un océan de boue, progresser là dedans est tellement dangereux et épuisant. De l’autre coté nous sommes passés dans la toundra, plus d’arbre mais une sorte d’herbe buissonneuse qui pousse sur le permafrost.

Boue glissante sur la piste du nord

Quelques rennes pâturent, beaucoup de lagopèdes blancs à tête marron (voir explications précédentes). La végétation et la faune auront 8 semaines pour se régénérer en juillet et en août dans un foisonnement de vie. La plupart des oiseaux remontent du continent pendant cette période et déjà on voit beaucoup d’oies appairées, canards, sarcelles, hirondelles qui se gorgent sur le stock 1000  milliard de moustiques qui nous exaspèrent.


Pipeline dans la forêt
Pipeline dans la montagne
Tout le long de la piste, pendant 800 km, un serpent argenté amène, paraît-il, aux États-Unis de quoi faire circuler les Chevrolet, et autres Ford et Cadillac. C’est impressionnant.

Le compteur de température de la moto, me fait sentir la proximité de la mer de Beaufort, le froid s’installe: la température n’en finit pas de descendre jusqu’à 1°C. 

Rien qu'en regardant la photo, on a froid

Le vent se lève, ça se complique vraiment. Je suis complètement congelé et il reste 74 miles (120 km). Dès que je ferme la visière de mon casque, elle se couvre de buée et je n’y vois plus rien, donc je suis obligé de la laisser ouverte ce qui n’a pas pour résultat de réchauffer mon visage. Je ne sens plus mon nez. C’est interminable et j’allume carrément dans les graviers pour arriver au plus vite, John est loin derrière. Enfin Prudhoe Bay ! J’étais au bout du rouleau et  n’aurai pas tenu 3 km de plus. Aboutissement d’une longue préparation. C’est la joie et la fierté.


Arrivée à Prudhoe Bay

En fait, Prudhoe Bay est la base arrière de toute l’industrie pétrolière de l’Alaska. Toutes les sociétés qui sont partie-prenante dans cet énorme business sont présentes à Prudhoe Bay ; les bureaux et les logements des travailleurs sont dans des constructions type Algeco. C’est assez impressionnant. Dans l’unique hôtel, le prix le la chambre (modeste) comprend tout le reste, les petits déjeuners, les repas, les pique-niques, le distributeur de popcorn, enfin presque tout. C’est tellement pratique. Les compagnies pétrolières doivent probablement financer tout ceci. 

Malgré mon enthousiasme habituel, il faut quand même dire que Prudhoe Bay n’offre aucun intérêt si ce n’est pour la performance sportive d’y aller en moto et pour la fierté de faire parti des «happy few» qui ont eu la chance ou la force de le faire.  Sinon nous sommes loin des charmes, du climat et du cachet de Saint Tropez, ainsi que d’un certain restaurant à Port-Cros dont le rosée est plutôt apprécié me semble-t-il par un bras cassé de mes connaissances. 

 C’est la première fois que je me sers de l’essence directement au «cul du camion».

Le plein!
Petite vidéo à Prudhoe Bay

10 juin


Mr Bibendum
Je sais que ce n’est pas raisonnable mais pour des raisons qui sont liées à des impératifs de mon camarade, nous décidons de rentrer à Fairbanks d’une seule traite : résultat, presque 12 heures sur la moto pour 800 km, la piste comme à l’aller mais avec en prime la pluie non-stop jusqu’à Fairbanks et un brouillard terrible pour passer le col d’Atigun. Au départ, la température est toujours de 1°C et je gonfle ma veste magique qui me transforme en bibendum. Bref une journée d’anthologie, mais je suis tellement azimuté de fatigue ce matin que je n’ai pas le ressort pour savourer la performance. Il me faudra une bonne semaine pour me remettre.

Cela me donne une journée d’avance sur mon programme qui ces derniers jours s’est un peu compliqué du fait de la carence du transitaire qui devait s’occuper de l’expédition de la moto en Corée depuis Seattle. Cela fait depuis début janvier que je n’arrive à rien avec ce type et j’ai donc décidé de descendre le plus vite possible sur Seattle pour m’occuper de cette affaire en personne. Dès que le nécessaire sera fait, je reviendrai un peu sur mes pas pour voir mes amis de Vancouver. J’ai donc environ 3000 km à me taper dans les prochains jours. Ce contretemps est une petite source d’inquiétude car tout retard depuis Seattle aura des répercutions sur la suite du voyage, avec pour commencer, une réservation ferme pour le ferry qui m’amènera de Corée à Vladivostok le 7 juillet. Comme il n’y en n’a qu’un par semaine, je n’ai pas intérêt à le louper.






Retour de 800 km de pistes
Pour le moment, je prends quand même une matinée de repos à Fairbanks pour nettoyer ma moto qui est pleine de boue ainsi que toutes mes affaires, et acheter une paire de bottes car les miennes n’auront pas résisté au grand nord et n’auront duré que 2 mois, ce que je trouve malgré tout très court. Achetées sur internet, à qui me plaindre ? Je me retrouve avec une nouvelle paire digne d’un biker professionnel, les extrémités protégées par des embouts en métal, ce n’est pas le grand chic parisien mais espérons au moins  qu’elles durent la fin de ce voyage. Il est 8 h du matin et je prévois de reprendre la route vers 11h. Au bout de 200 km, je commence à zigzaguer, la torpeur me gagne, j’écoute «Rider on the storm» à fond dans les écouteurs de mon casque, rien n’y fait, je dors à poings fermés. DANGER.

American Coffee
Boites aux lettres le long de la route
Première halte pour prendre un café, mais vu la couleur du breuvage que l’on me sert, on ne peut pas imaginer une seconde qu’il puisse me réveiller et je continue à somnoler de plus bel et deuxième arrêt dans le 1er motel où je m’endors aussitôt jusqu’au dîner qui me permets de vous écrire ces quelques lignes.
Au passage, aperçu ces boîtes au lettres bien protégées sous leur auvent. Ingénieux. Aux États-Unis on met les boîtes au lettre sur les routes pour un accès facile pour le facteur. Aucun risque de se faire bouffer les mollets par les chiens.



11 juin


Aujourd’hui mes frère, sœurs, cousins et cousines de ma famille lyonnaise sont réunis chez Guy Charveriat à Beybleu pour une réunion de famille à laquelle évidemment je regrette bien de ne pas participer en personne. Je transmets à tous affection et fraternité.

Pas de commentaire
Petite anecdote stupide: aujourd’hui jour de lessive, je commence par les chaussettes, bien lavées et bien propres, c’est quand même plus agréable mais c’est ce qui met le plus longtemps à sécher, alors pour aller plus vite je prends le séchoir à cheveux, le mets sur puissance MAXI et j’enfile carrément la chaussette par dessus pour bien en sécher le bout. 
Mon portable sonne, je pose tout ça dans la salle de bain, je vais dans la chambre, c’est le transitaire de Seattle, donc important. J’oublie complètement mon sèche-linge improvisé. On devine la suite, une bonne odeur de brûlé et une chaussette inutilisable. J’ai quand même eu de la chance : les sprinklers ne se sont pas déclenchés sur tout l’étage.
Avec des informations comme celle là, l’humanité entière vient de faire un grand bond en avant : ça au moins c’est du lourd, du très, très lourd .

Les coupables!
Une autre mésaventure il y a quelques jours à Tok,  le matin où j’ai quitté l’Alaska. En y repensant, j’ai le rouge de la honte qui me perle au front. Avant de quitter le motel, je me rends à la réception pour rendre la clef. Au moment de rentrer dans le bureau, dehors, je vois 2 Harley Davidson garées, énormes et 2 types, avec toute la panoplie du biker pas sympa, bagues, cuir, écussons, bandana et têtes de «red necks» abrutis. 
Je passe devant eux en me la jouant la plus nonchalante possible et eux me regarde comme si j’étais une crotte de chihuahua galeux sur un trottoir de Paris. Un peu empêtré avec mes bottes neuves de la veille, je me prends la semelle sur la planche de l’escalier et je me vautre pratiquement à leur pied. Affreux ! Je suis Napoléon le soir de Waterloo. Hollande le soir des élections de 2017. Effondré ! Piteux ! Mon psy va avoir du travail au retour. Il ne m’a pas fallu longtemps pour quitter cet endroit. 

12 juin

On m’avait beaucoup dit que de redescendre sur Vancouver par la route serait long et fastidieux et que je ferai mieux de prendre un bateau à Anchorage. Après en avoir vérifié le coût, j’ai finalement persisté dans ma première idée de prendre la route  et là j’ai eu bonne pioche. Une vingtaine de km avant d’arriver à Watson Lake, je m’engage sur la highway 37 à droite et tout de suite je pamoisonne, je suis béat, aux anges, c’est la plus belle route de tout mon voyage en Amérique du Nord. 






Elan un peu caché
Ours noir
Elle n’est pas toujours en bon état, assez étroite mais elle est VIDE : je suis seul pendant 2 jours, j’adore la solitude qu’elle m’offre, j’adore le vert foncé, dur des sapins, le vert tendre et doux des bouleaux, j’adore le mélange des 2. J’adore son parfum printanier qui sent bon le lilas, ses élans, ses ours, cette ourse avec 4 petits oursons  probablement de moins d’un mois qui traversent la route à 50 m de moi. J’adore le village de Dease Lake où je passe la nuit et passe une bonne heure le lendemain matin à raconter mon voyage à des retraités incrédules et adorables. Après les paysages lointains et magnificents de l’Alaska, j’adore cette beauté si proche, si simple, des rivières, des lacs et cette belle route qui tournicote entre les collines. J’adore 2 jours sans une seule goutte de pluie, une première depuis 3 semaines.


Motel Hazelton


Pour la neige
Frontière Alaska/Canada
J’adore mon petit motel de ce soir à Hazelton d’où je vous écris ces lignes. J’adore mon détour par Stewart au bord d’un fjord qui donne sur le Pacifique au bout de la partie la plus au sud de l’Alaska. On peut passer la frontière américaine pour aller au hameau de Hyder à quelques centaines de mètres et revenir 5 minutes plus tard car il n’y a rien à y faire ni à y voir. Et puis un endroit où on équipe les chevaux de raquettes pour aller dans la neige ne peut pas être complètement mauvais. Enfin moi je crois.


La tâche blanche = glacier

Juste avant d’arriver à Stewart un grizzli qui dort au soleil et plus loin un glacier extraordinaire. Nous sommes à 315 m d’altitude et la mer est à 10 km.  Il y a un certain temps, à l’évidence ce glacier descendait jusqu’à la mer.


La tâche marron = grizzli dormant

Ce soir je suis un voyageur comblé de toutes ces merveilles. S’il n’y avait qu’une seule journée comme celle là cela voudrait quand même le coup de galérer un peu, voire beaucoup, le reste du temps. Aujourd’hui j’ai vécu une vie entière. Encore une fois, à qui de droit, ma gratitude éternelle. Et à Béatrice, remerciement n’est pas un mot assez fort pour son intelligence un certain jour, qui me permet aujourd’hui de vous faire profiter de mes talents littéraires. 

14 juin

Chemin de traverse
Quelques 50 km avant d’arriver à Smithers je commence à voir des maisons, des cultures, des barbelés pour le bétail  et de plus en plus de circulation. Tout ceci ne me plaît pas trop et je voudrais bien prolonger ce que j’ai vécu depuis un mois. Je m’arrête pour acheter une carte plus précise et repère un chemin de traverse qui me rallonge de 130 km environ dont la moitié en terre et 28 km carrément un chemin forestier. Malheureusement je n’y verrai aucuns animaux. 


j'adore

Jolie petite église au pied de la montagne à Moricetown : Notre Dame du Saint Rosaire. Je ne sais pas ce qu’elle a de plus que les autres pour m’avoir tapé dans l’œil comme ça.





pour 20$ c'est pas mal

Grosse pluie et fatigue extrême l’après-midi : cette longue descente sur Seattle m’a claqué. Il est temps que je prenne une bonne semaine de repos complet. Je m’arrête dans un motel 4 étoiles au dessous de zéro et m’endors immédiatement sans me changer. Épuisé.




15 juin


Le lendemain, je me décide sur un itinéraire pour arriver à Vancouver et cette fois encore c’est bonne pioche, tierce belotée et dix de der. Les gorges de Lilooet, sont extraordinaires. C’est vraiment de la chance car je ne consulte aucun guide et roule au gré du vent. C’est un des avantages de faire de la moto seul.




J’ai malgré tout l’impression un peu triste que les vacances sont finies. Les deux mois qui viennent de passer ont  été extraordinaires et à peine en train de se terminer que je les regrette déjà tellement. J’ai beaucoup de rendez-vous pendant les 10 prochains jours, mille choses à faire pour préparer la suite mais j’ai vraiment adoré l’Alaska, le Canada et les États-Unis. Fin d’une belle aventure et appréhension pour les suivantes: en bon français on appelle ça la pétoche.  


Attention! Danger!

Je voudrais profiter du retentissement international de ce blog pour attirer l’attention du ministre canadien des Ponts et Chaussées sur le fait que les trop nombreux ponts équipés de plaques de métal sont un vrai casse-gueule en moto dont les roues se prennent dans les rainures, ce qui a pour effet de faire guidonner la moto ce qui n’est pas agréable du tout. Il y en a beaucoup qui se sont retrouvés par terre pour beaucoup moins que ça.

16 juin

En descendant sur Vancouver, je m’arrête quelque instants à Whistler où ont eu lieu, annoncent-t-ils, les jeux olympiques d’hiver 2010. Alors ça ! Je n’ai aucun souvenir d’avoir jamais entendu parler de cet événement. Bon c’est vrai je n’ai pas une passion pour les jeux olympiques. Toujours est-il qu’à moins d’une heure de Vancouver les amateurs de glisse sont sur les pistes.


Vallée du paradis 1
Vallée du paradis 2
Puis un panneau me propose de prendre à droite vers Paradise Valley, cela aurait été un manquement grave de ne pas aller voir ici bas ce qui m’attend, je l’espère, dans l’au delà. Re bonne pioche avec cette fois un full aux as par les rois. Je tombe sur une forêt extraordinaire, très dense avec des lichens qui pendent des arbres, un endroit inouï. Bon inouï mais quand même pas très très gaie notre affaire, plutôt sombre même. Espérons que le vrai paradis est plus riant que ça,  sinon je ne suis pas très tenté pour y aller même si on me force ce dont je ne doute pas une seconde.



Dimanche fête des pères

C’est dimanche à l’église de la très très opulente Vancouver Ouest, et les messages commencent à arriver pour la fête des pères. J’adorai quand ils étaient petits les voir arriver tous les 3 si mignons avec leurs jolis dessins et leurs poésies. Nostalgie tu me tiens toujours et ne me lâches jamais et heureusement !




Jeremy
Le ferry pour passer sur l’île de Victoria pour revoir pour une petite heure, un vieil ami de ma famille, Jeremy, installé ici depuis bientôt 40 ans. Nous nous rappelons les vieux bons souvenirs de Rigoulène en Mai 68, les mariages et escamotons les mauvais. Mais quel plaisir de le revoir après si longtemps.




Ma balise arrête de fonctionner vers 9 h du soir au moment où je prends le ferry du retour. Pourquoi ? Les batteries sont neuves.

17 juin

Dernier passage de frontière pour rentrer aux États-Unis et une fois encore la carte postale magique a un effet immédiat pour huiler les rouages pendant ces moments toujours un peu stressant des passages de frontières. Normalement dès que les gens font un pas dans ma direction la main tendue alors je donne cette carte et ils sont ravis: la conversation s’engage et les questions partent de tous les côtés.


Recto

Verso

Depuis le début de ce voyage je ne vous ai pas parlé de mes rencontres pendant ces deux mois. L’exercice de faire un journal de voyage en y insérant des photos est déjà très prenant au point de vue du temps qui doit y être consacré pour que cela ait un minimum d’intérêt. En voulant faire trop riche j’ai peur de ne plus voyager  que pour écrire un blog et non pas le contraire.

Mais ces rencontres furent si nombreuses avec toutes un point commun qui est la bienveillance que tous ont montré à mon égard. Pas une seule fois un mot désobligeant, un mauvais regard. Une gentillesse extrême. Je remercie Janet et Merlin qui sont famille loin de la maison. Merci à Pawel et John mes 2 camarades de moto, si déférents, si patients avec mon pauvre anglais et tellement gentils. De vrais amis dont je suis sûr de les revoir un jour. Merci à Mary, pour son café délicieux à Wawa. Merci à Shawn sur la route de Prudhoe Bay, jeune camionneur qui double comme un incroyablement talentueux photographe de la nature de la toundra (http://twodogsandamule.com). Merci à Dîna et son mari à Iowa City qui voulaient absolument organiser un dîner avec tous les francophones du coin. Merci à Ron mon ami pêcheur à Valdez qui est venu au petit matin me dire au revoir à l’heure du départ. Merci à Roy le motard du ferry de Vancouver, camionneur dans le civil avec une culture extraordinaire. Merci à Tom et son frère John que j’ai croisé et recroisé 20 fois entre Grande Prairie et Whitehorse pendant plusieurs jours. Nous nous retrouvions dans les «diners» et les motels : nous avons beaucoup ri. Ils m’appelaient leur 3ème frère.
Merci Charlotte et Jim Havey pour le dîner à Kennecott et la bonne photo. Merci à Denis le patron pêcheur grumpy boy mais au fond de la crème.  Merci à Sam le baratineur pour le steak de caribou au motel de Tok. Merci à Ron et Pauline Chapman à Jasper pour leur gentillesse, leur curiosité et leur invitation à coucher chez eux. Ils regrettaient tellement leur Angleterre. Merci à Bob du motel de Dease Lake qui s’est mis en 4 pour me trouver une chambre dans le village alors qu’il était complet. Merci pour les quelques personnes qui me prenant pour ce que je ne suis pas me demanderont un autographe. Merci pour tous les motards qui se sont montrés toujours si intéressés et amicaux. Merci à tous les camionneurs qui m’ont donné des tuyaux sur l’état des routes et le meilleur itinéraire. Merci à Philippe, un ancien de Sainte Marie de Riom (il y a 42 ans) qui a fait sa vie à Denver et qui a été mon driver météo. 
Merci à ces centaines de personnes qui sont venues vers moi pour m’encourager, d’un mot, d’une tape dur l’épaule, me souhaiter bonne chance et me recommander la prudence. J’ai raconté l’histoire de mon voyage des centaines de fois sans me lasser, les hommes toujours passionnés par l’aspect technique de la moto ce qui est loin d’être mon premier domaine de compétence. En Amérique du Nord on n’est jamais isolé, il y a toujours quelqu’un pour tendre sa main, pour vous parlez et pour que vous écoutiez le récit quasi complet de sa vie.

Arrivé donc à Seattle et je me rends directement chez mon très bon ami Helge Pedersen, un norvégien qui a sillonné le monde entier pendant 10 ans en moto, écrit je ne sais combien d’articles et de bouquins sur ses voyages. Une légende vivante chez les motards. Il me prend pour un fou furieux d’entreprendre ce voyage. Nous passons une soirée trop agréable à parler de nos bons souvenirs de Chine et  de nouveaux projets. Je suis ravi de le retrouver : c’est un type génial.

Mon rendez-vous au garage est pris, l’entretien de la moto organisé, la caisse bois est prête, mon nouveau transitaire est à pied d’œuvre pour l’expédition vers la Corée. La moto y est attendue par mon clearing agent qui s’occupera des formalités douanières là-bas. Je loue une voiture pour une semaine jusqu’à mon départ. Voilà tout est à peu prêt sur les rails avec un peu d’anticipation et espérons qu’il n’y aura pas d’accroc.

18 juin


Huîtres délicieuses
Moto au bord de l'océan
Aujourd’hui c’est mon dernier jour avec ma moto en Amérique du Nord et je quitte Seattle pour aller à  200 km sur une plage sur le Pacifique. J’y fais quelques photos et m’endors sur le sable. Au retour, arrêt pour déguster des huîtres énormes. Ne manquait plus qu’un bon petit verre de Sauvignon bien frappé.



La mer! L'océan!

Un peu d’émotion car aujourd’hui est une étape importante de mon voyage. Mon compteur indique 99 629 km sur cette fin de mon périple en Amérique du Nord, soit 20 894 km depuis Tourouvre jusqu’à cette plage d’Oyhut sur le Pacifique. C’est considérable et je me dit que, sans m’en rendre compte, j’ai été beaucoup trop vite. Ceci en dit long sur mes compétences en calcul car pendant la préparation de mon itinéraire  je crois avoir prévu 12 ou 13 000 km. J’ai dû rater 1 ou 2 croisement en chemin! Pour mémoire pour rallier Tourouvre à Xian en Chine il y a 2 ans cela faisait 15 235 km.

20 juin

Dépose de la moto au garage et rencontre avec le chef mécano, Keith, avec qui j’ai correspondu depuis janvier dernier. Le transitaire est présent également. J’étais attendu, on se met d’accord sur les travaux à faire et la moto est prise en charge immédiatement pour mise en caisse le soir même. 




Cette caisse, telle qu’on me la montre, ne me plaît pas trop et je la fait renforcer. Ils me font gagner 2 jours sur le programme prévu. Cela me convient parfaitement de pouvoir expédier la moto avec 2 jours d’avance car j’anticipe malgré tout des difficultés pour le dédouanement. Aux États-Unis, le travail ne traîne pas. Il faut que ça bouge et que ça bouge vite. Ils sont d’une efficacité incroyable.
J’avais manifesté le souhait d’assister au pliage et à la mise en caisse de la moto car de l’autre côté en Corée je vais être seul pour la remonter et je voulais voir comment ils faisaient pour refaire la même chose à l’envers. Là, par contre, gentiment mais fermement on m’a fait comprendre que l’atelier était interdit au public. Comme je ne sais pas la différence entre une clef et un tournevis, il va y avoir des grincements de dents et de la mauvaise humeur du côté de Séoul la semaine prochaine. 


Quand mon rendez vous est terminé je flâne dans le magasin du concessionnaire et tombe sur ces 2 side-cars russes de marque Oural assez connue et de qualité plus que médiocre. Cela ne se voit pas dans leur coût à $15 000 pièce, c’est hors de prix. Peut-être que si j’arrangeais le side-car, mon Casimir aurait assez de place ?



J’ai donc 2 jours de vacances de plus et je loue une petite voiture et prends la route vers les plages, la mer et le Olympic  National Park. 
Tout le long de la mer des panneaux qui en disent long sur les craintes d’un tremblement de terre dans le secteur et d’un tsunami qui s’ensuivrait. Ce n’est pas rassurant du tout, je sais à peine nager.




Chez un commerçant, quelqu’un se propose de donner des cours de dressage à des poissons rouges. He ! He ! Petit malin !





Le grand manitou et madame
Neah bay


Dans la réserve indienne des Makah, j’adore le village de pécheurs de Neah Bay où je m’installe pour 3 jours.





Après les dernières maisons je vais jusqu’au bout de la route avec ma voiture et continue à pied pour aboutir à la pointe de Flaterry avec une côte très découpée et ces grottes incroyables. Pour y arriver je traverse une forêt très dense aux arbres immenses souvent avec des formes bizarres et dans un enchevêtrement végétal inextricable.  





Ce bord de mer, cette forêt inouïe tout cela donne le sentiment que l’endroit est peuplé d’esprits peut être maléfiques et dont se nourrissait les croyances des populations indiennes anciennes. Attention le grand Manitou veille sur les âmes des ancêtres qui rodent encore dans cette forêt.  Un coin très spécial. En tout cas la marche me fait un bien fou et demain on continue avec un programme de randonnée comme je les aime. Attention aux plantigrades!





22 juin



3,5 m de diamètre


Biches wapiti
Daguet en velour
En fait de plantigrades, je verrai une belle harde de wapiti (elk) une espèce de cerfs géants que l’on appelle les Maral en Asie centrale et en Sibérie. Ma randonnée m’amène à une dizaine de kilomètres à l’intérieur du Olympic National Park et au bout de ma marche je verrai un faon couché à 40 m de moi derrière un tronc d’arbre mort. 
Il n’y a que sa tête et ses grandes oreilles qui dépassent. Il ne bouge pas et c’est moi qui m’en vais et le laisse dans sa paix. Cette scène idyllique suffit à remplir ma journée et je reviens sur mes pas.




Esprit es-tu là?
Racines
Évidemment mes pauvres chênes et hêtres de la forêt du Perche ne font pas le poids avec les géants qui bordent le sentier. Toute la différence c’est que  sous mes arbres dans ma forêt de Tourouvre, à l’automne, il y a des cèpes magnifiques, alors qu’ici, il n’y a rien du tout. Différence essentielle. Je mesure le tronc d’un arbre tombé dans une tempête  et je compte  76 pas soit environ 50 m, les autres ont l’air tellement aspirés vers le haut qu’ils emmènent leurs racines avec eux. Tout ceci est totalement irréel et je dois être dans un rêve.

Racines
Promenade en forêt

Ce matin je pars à la pêche avec Tom, marin pêcheur de son état. Depuis une quinzaine de jours, des névralgies dans la jambe gauche ne me disent rien qui vaillent mais, après la marche d’hier, cette vieille fracture à la cheville non soignée parce que, soi disant, pas soignable m’empêche de mettre le pied par terre. Hors de question de rentrer dans le cycle douleur, pain killer. Il n’y a rien à faire que d’attendre que cela passe, peut-être. J’ai peur de traîner ça le reste de mon voyage. Malgré tout nous prenons 38 ling cods et black fish (genre de bar foncé). Je fais préparer ma bourriche avec des filets que je donnerai à mes amis de Seattle demain. 

Maintenant il y a un sujet ô combien essentiel que  je n’ai pas encore abordé et Dieu sait son importance capitale. Je ne reviendrai pas sur le café dont j’ai déjà parlé plus haut avec une photo qui, vous serez d’accord, est explicite.

un express s'il vous plaît

À son sujet on a le choix entre plusieurs qualificatifs pas particulièrement gentils et qui sont certainement de nature à blesser profondément mes hôtes de ces 2 derniers mois ce qui n’est pas envisageable.


All american burger
Toast à la française
Non, je veux parler des habitudes alimentaires des américains. L’obésité est un problème de santé publique gravissime. Il faut voir dans les supermarchés et les stations d’essence, les linéaires  bourrés de chips, bonbons, crackers, barre chocolatée, et autre junk food, c’est affolant. Comme ils sont tellement nombreux dans cet état, on a l’impression qu’ils se fichent complètement du regard des autres et continuent à s’empiffrer. Résoudre l’obésité c’est changer complètement de mode de vie. Veulent-ils le faire ? Sûrement pas.
Il faut dire que tout est sur-saturé de ce qui est le plus malsain : sucre, sel et gras.


Au bout de deux mois je n’en peux plus des «all American Hamburgers» ,  des True Wisconsin double deckers, des Authentic Montana cheese burgers, des old fashion French toast qui baignent dans le beurre et sur lesquels fond tranquillement une boule d’ice-cream, des Alaska frontier burgers, des Famous Yukon caribou burgers, des bières à l’orange, des boules d’ice-cream dans un verre de coca pour le dessert et tutti frutti.  Je rêve d’une plâtrée d’haricots verts avec juste un peu de citron. Peut-être un gratin de chou-fleur.

Pour me nourrir le soir, il fallait que je puisse trouver un hôtel d’où je pouvais me rendre à pied dans un «restaurant». Après une journée de moto, une fois qu’on est installé dans un hôtel, on n’a pas envie de la reprendre le soir pour aller dîner. Il a fallu prendre ce qu’il y avait de disponible à proximité et ce n’était souvent pas appétissant. Des bouteilles de tabasco aussi grandes que des bouteilles de bière.




inconnu
bière à l'oranger
Aux États-Unis, il y a partout tous les restaurants que l’on peut imaginer, chinois, italiens, mexicains, japonais, coréens mais pas une seule enseigne française sauf dans le très haut de gamme à New-York. Pourtant avec la variété de notre belle cuisine française on pourrait très bien faire quelque chose qui marcherait, croque-monsieur, crêpes, etc. Si j’avais 20 ans, je me lancerai là-dedans, je suis sûr que ça marcherait.



On vient de me prévenir que les douanes US ne veulent pas laisser sortir ma moto car évidemment il manque un papier que je n’ai pas en ma possession. Les festivités commencent ! Je me disais bien aussi que jusqu’à présent cela avait été vraiment trop facile. 

25 juin

Comme vous l’avez deviné, j’ai été profondément marqué par la partie de mon voyage qui m’a conduit au nord du Canada puis vers l’Alaska. Néanmoins le retour vers le sud a quand même un certain nombre d’avantages à commencer par les nuits qui, enfin, sont noires. Fini le grand soleil à 2 h du matin.


Filet anti-moustique. On déjeune comment?
Ensuite plus on descend vers le sud moins les hôtels sont chers : ceci est une considération bien terre à terre mais l’hôtellerie est une partie essentielle du budget de ce voyage, il y a lieu d’ être vigilant sur ce point. Je le suis. Enfin sans visa pour le Canada les 1000 milliards de moustiques sont restés en Alaska et c’est une excellente chose car ces petites bêtes rendent la vie insupportable.

Une excellente nouvelle cet après-midi, mon transitaire a finalement réuni tous les papiers et j’ai la confirmation que ma moto prendra bien un avion cargo le 28 juin. Soulagement mais j’étais sans réelle inquiétude. Il s’agit maintenant de relancer la machine du côté coréen pour mon agent déclarant en douane (clearing agent), avec qui j’ai été en relation depuis le début de l’année, commence les démarche pour une demande d’importation temporaire pour une durée de 10 jours. Un peu de stress en perspective, mais tout ira bien j’en suis convaincu.

Cela fait 3 ou 4 jours que je suis revenu à Seattle et à mon programme 2 choses incontournables: visite de l’usine Boeing et visite du Mont Sainte Hélène, ce volcan dont l’explosion il y a une dizaine d’année a fait disparaître la moitié de la montagne.
Je suis reçu comme un prince chez mon camarade Dan Mc Laughlin, un type formidable, avec qui j’ai fait la route de la soie il y a 2 ans.

Nicky the Frenchy, 

Nous sommes une fine équipe de 4 avec Helge Pedersen, Dan McLaughlin, John Oates avec qui j’étais en Alaska et qui est venu nous rejoindre. 





Dan vient de s’installer avec son épouse Cathy, dans une maison gigantesque, très déco, extrêmement confortable. Toutes les ressources de la technique moderne sont réunies pour que la vie y soit la plus agréable possible. 
Et c’est réussi au-delà de ce que je pouvait imaginer. On m’a mis dans la chambre des indiens et avec une décoration extraordinaire: des peaux de bêtes sauvages, des haches de guerre, enfin tout y est.


Dan est un fana  de moto et comme nous sommes en Amérique et que l’on y fait pas les choses à moitié, il a installé chez lui un atelier pour faire lui même ses réparations. Il y a tout le matériel nécessaire et probablement plus que chez n’importe quel garage spécialisé. Invraisemblable. 
Il faut dire que nous avons affaire à un personnage formidable qui à 68 ans vient de traverser toute l’Amérique centrale puis l’Amérique du Sud jusqu’à Ushuaïa en moto. Pour tous un exemple de persévérance et d’énergie. Amitié et respect.




Une «party» est organisée en notre honneur et nous partons au marché de Seattle pour un peu de shopping. La taille des pattes de crabes ! Des monstres !


Des saumons géants, quel abondance! Je leur prépare en papillote les filets de poissons que j’ai pêché il y a 3 jours. Ils s’extasient poliment sur la cuisine française mais très honnêtement je ne trouve pas ça très réussi. Fadasse, pas terrible.


La visite de l’usine Boeing est un moment exceptionnel par l’immensité des installations, le gigantisme des avions et une organisation industrielle impressionnante. Je passe sur les allusions fallacieuses concernant la qualité des avions d’Airbus par notre guide qui ne sait pas que je suis français. Tout ça est de bonne guerre et sans aucune importance. La visite est passionnante. C’est dans cette usine, au début pratiquement une grange, qu’a commencé l’aventure de l’aviation commerciale. Nous ne verrons pas les installations pour les avions militaires. 




27 juin

Nous sommes réunis avec mes compères également pour parler de futures projets et pendant que certains ce la coule douce, les autres sont le nez dans les cartes, la tête déjà pleine de nouvelles aventures. Nous nous connaissons bien tous les 4 et formons une bonne équipe pour aller chercher nos limites.





Le Mont St Hélène est dans le fond
Philippe Camus (Institution Ste Marie de Riom promo 1969) dont j’ai expliqué plus haut qu’il avait fait sa vie aux États-Unis depuis 35 ans, me rejoint pour 2 jours et  après l’avoir récupéré à l’aéroport nous descendons pour voir le Mont Saint Helens, ce volcan qui a explosé en 1980 ce qui a eu pour résultat de littéralement couper la montagne en 2. Ces phénomènes naturelles sont toujours hyper impressionnants mais là c’est vraiment extraordinaire. De là où nous sommes ont a le sentiment que le cœur du volcan est là à portée de main.


avant

après


Nous passons la nuit dans un motel des année 60 et retour à Seattle par le Mont Rainier National Park et une fois encore nous épuisons les piles de nos appareils photo tellement tout ceci est magnifique. Ravi de retrouver un camarade de cette époque de Sainte Marie de Riom, que j’avais adorée et de pouvoir nous rappeler de bons souvenirs de nos prêtres enseignants qui ont fait la démonstration que les miracles existent bien car ce sont les seuls à avoir réussi à me faire travailler un tant soit peu. Avant c’était le ténéré scolaire et après la rechute a été définitive, sans rémission. 

Dernier dîner avec mes amis de Seattle et il est temps de quitter l’Amérique du Nord, le cœur gros. Pendant toutes ces longues heures en moto en Sibérie, je vais repenser à l’aventure fabuleuse que je viens de vivre pendant 2 mois. Pays extraordinaires, des gens merveilleux. 

Merci les États-Unis, merci le Canada.           Merci, merci merci. C’était génial.

Bon maintenant je file vite prendre mon avion pour la Corée.

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